"Incompréhension" Pourquoi démolir un immeuble dont les experts affirment qu?il a résisté au séisme ? Les habitants du 2, rue Youcef-Bouchakour s?interrogent. Ce qui était un édifice de quatre étages depuis sa construction par les français en 1910, au 2, Rue Youcef-Bouchakour, dans la commune de Sidi-M?hamed, n?est plus qu?un amas de pierres et de gravats. La «grande massue» s?est acharnée sur l?immeuble, un certain jeudi 19 juin. C?est la première «série» d?un feuilleton de démolitions qui risque de s?étendre à d?autres demeures marquées par le CTC, organe de contrôle technique des constructions, au «fer rouge». Les pierres de cette bâtisse, qui partaient ce jour-là en éclats, emportaient les souvenirs des huit familles qui y habitaient. Depuis ce fameux jeudi, tout a changé pour ces sinistrés entassés dans des camps de toile, en attendant des jours meilleurs. L?assiette de terrain, quant à elle, s?est transformée en une aire de parking. De ce que fut l?immeuble, il ne reste que débris et détritus. Des locaux au rez-de-chaussée, une boucherie et une quincaillerie ont volé en éclats. Ils ont été anéantis. La résistance de l?ossature de l?édifice témoigne d?une certaine endurance et solidité que ne cessent de clamer ceux qui résidaient là, il n?y a pas si longtemps. Cependant, et au lendemain du séisme du 21 mai dernier, les autorités ont bouclé le périmètre, installant leur cordon de sécurité. Des barrières métalliques ont été placées pour parer à d?éventuels écroulements. Selon les témoignages des habitants, à l?intérieur des habitations les murs ont été endommagés. En revanche, les murs porteurs, poutres et piliers, n?ont pas subi de dégâts. Comme pour étayer leurs dires, les sinistrés brandissent le rapport d?un architecte expert qu?ils ont, eux-mêmes, dépêché sur les lieux. L?expert stipulera que «la structure en mur porteur de l?immeuble, du sous-sol au deuxième étage, a bien résisté au séisme, y compris la cage d?escalier qui est toujours praticable». Il ajoutera que les étages supérieurs (3e et 4e) doivent être «partiellement démolis avec de gros travaux de réfection au niveau des étages restants». Un habitant de l?immeuble voisin, situé en haut du 54, avenue Ahmed-Ghermoul, lancera : «Je peux vous affirmer que le bâtiment qui a été détruit est plus solide que le nôtre.» Si tous les habitants du voisinage s?accordent à attester que l?immeuble était d?une solidité irréprochable, pourquoi alors l?a-t-on démoli ? La question mérite une réponse.