«Il aura fallu trois jours à cette grosse boule de fer, la massue, pour démolir notre immeuble. Cela prouve qu?il était très solide, sinon une seule journée aurait suffi .» Cette réplique d?un habitant est légitime. Les désormais ex-locataires du 2, rue Youcef-Bouchakour sont catégoriques : «Le wali délégué de la circonscription de Sidi M?hamed est seul responsable de cette situation.» Sur les dizaines de bâtisses délabrées, fragiles et qui menacent de s?écrouler d?un moment à l?autre, les pouvoirs locaux de la daïra de Sidi M?hamed ont porté leur choix, en premier lieu, sur l?immeuble cité plus haut. Pourquoi un tel choix ? Les raisons, les déductions et les tergiversations vont bon train. Pour ceux qui y habitaient avant cette journée du jeudi 19 juin, il ne fait aucun doute que le premier magistrat de la daïra veut accaparer l?assiette de terrain pour un usage personnel. « Le wali veut accaparer le site, car il est stratégiquement situé », soutient un autre. Un vendeur de tabac et journaux affirmera, pour sa part, que les deux commerçants du rez-de-chaussée de l?immeuble se sont proposés pour prendre en charge la restauration de l?immeuble. « Ils ont proposé la prise en charge des travaux de réfection de l?immeuble en question en versant la somme de 5 millions de dinars. Ils étaient même prêts à verser deux milliards de centimes pour l?achat de cette parcelle de terrain et la reconstruction de l?immeuble, en vain. Les responsables les ont carrément boudés », déclare notre interlocuteur. Plus grave encore, il a été embarqué par les forces de l?ordre, ce jour-là. Quelques jours auparavant, ces deux commerçants avaient fait appel à des architectes, des experts agréés par l?Etat pour faire leur constat sur la solidité ou non de la bâtisse. Les habitants rappellent que ces modifications ne datent pas d?hier et que cette maison, certifie un sexagénaire, a été construite une dizaine d?années seulement après la construction de l?immeuble, soit en 1920. «Les responsables locaux qui se sont succédé et les services de l?Opgi se sont tus depuis longtemps », confirme un citoyen qui rappelle que le propriétaire de cet appartement détient tous les documents attestant qu?il est bel et bien acquéreur. «Pourquoi remettre en cause, aujourd?hui, cette demeure alors que l?Opgi percevait son loyer au centime près», enchaîne un autre qui certifie que l?opération d?achat de l?appartement situé au cinquième étage, sur la terrasse, s?est déroulée de la même manière que celle du premier ou du second, c?est-à-dire, « sans aucun problème », lance-t-il. Par ailleurs, plusieurs immeubles et habitations, précaires, vieillots et de surcroît détériorés et dégradées par l?intensité du tremblement de terre du 21 mai dernier n?ont pas été touchés. Leurs occupants ont, tous, été transférés dans des tentes. C?est le cas des immeubles situés à Cervantès, à la Carrière, à Laâqiba ou à la rue Boualem-Rouchai. D?autres aussi, situés au niveau de la rue Hassiba-Ben-Bouali ou à la rue Mohamed-Belouizdad. Ces constructions continuent de constituer un réel danger aussi bien pour les passants que pour ceux qui s?aventurent à y accéder, pour on ne sait quel motif. Leur destruction devait constituer, en principe, la priorité des priorités.