Résumé de la 99e partie - Alors que Brenda demande à Sophia pourquoi elle a renvoyé Laurence, Taverner arrive... Je croyais bien le savoir. Je n'avais rien dit à Sophia des lettres que j'avais trouvées derrière la citerne. Taverner, sortant de la maison, traversait la pelouse pour venir à nous. Brenda, nerveuse, répétait : — Que peut-il nous vouloir ? Que peut-il nous vouloir ? Ce fut à elle que Taverner s'adressa, parlant avec courtoisie, mais de sa voix la plus officielle : — J'ai, madame, un mandat d'arrestation vous concernant. Vous êtes accusée d'avoir, le 19 septembre dernier, administré de l'ésérine à Aristide Leonidès, votre époux. Il est de mon devoir de vous prévenir que tout ce que vous pourrez dire désormais pourra être utilisé au procès. Brenda s'effondra. Accrochée à mon bras, elle pleurait, protestant de son innocence, criant qu'elle était victime d'un complot et m'adjurant de ne pas laisser Taverner l'emmener. — Je n'ai rien fait !... Je n'ai rien fait ! — La scène était horrible. J'essayai de calmer Brenda, lui disant que je m'occuperais de lui procurer un défenseur, qu'il fallait qu'elle conservât calme et sang-froid, et que son avocat arrangerait tout. Taverner la prit doucement par le coude. — Venez, madame ! Vous ne tenez pas à avoir un chapeau, n'est-ce pas ? Alors, allons-nous-en tout de suite ? Elle leva la tête vers lui. — Et Laurence ? — Mr Laurence Brown est, lui aussi, en état d'arrestation, dit Taverner. Dès lors, elle ne lutta plus. Ses forces semblaient épuisées et on aurait dit que son corps s'était soudain comme «tassé». Des larmes coulant sur ses joues, elle s'éloigna avec Taverner, traversant la pelouse pour aller à la voiture. Au même instant, je vis Laurence qui sortait de la maison, avec le sergent Lamb. Tous montèrent dans l'auto, qui reprit aussitôt la route de Londres. Je respirai profondément et me tournai vers Sophia. Elle était très pâle. — C'est horrible ! murmura-t-elle. — C'est bien mon avis. — Il faut absolument lui procurer un excellent avocat, le meilleur qui se puisse trouver ! — Ces choses-là, dis-je, on n'imagine pas à quoi cela ressemble ! C'est la première fois que j'assiste à une arrestation. — Oui, on n'imagine pas... Nous restâmes un long moment silencieux. Je songeais à ce désespoir que j'avais vu sur le visage de Brenda, alors qu'elle nous quittait. Il me rappelait quelque chose dont je me souvins brusquement. Cette même expression d'horreur, je l'avais vue sur Magda Leonidès, le jour de ma première visite à «Three Gables, alors qu'elle parlait de la pièce d'Edith Thompson. — Jusqu'au moment, avait-elle dit, où je ferai passer sur la salle un frisson de terreur. De la terreur ! C'était cela, uniquement, que reflétait la physionomie de Brenda. La pauvre fille n'était pas une lutteuse. Qu'elle eût jamais eu assez de cran pour tuer, j'en doutais fort. (A suivre...)