Refus Ils seraient plusieurs à avoir emprunté le «chemin de fer clandestin» par refus d?une guerre qui ne les concerne pas. Des pacifistes canadiens ont mis en place un réseau clandestin pour accueillir les réservistes américains qui refuseraient d'aller servir en Irak, recréant le système qui avait déjà permis aux déserteurs de la guerre du Vietnam ou aux esclaves noirs du XIXe siècle de trouver un refuge. Pour l'instant, le nombre de fugitifs au Canada reste très limité, mais au moins un cas a été médiatisé, celui de deux déserteurs américains qui ont été pris en charge par des familles de quakers dans l?Ontario, dans l'Est. Les deux déserteurs ont entamé des procédures pour demander l'asile politique au Canada, assurant qu'ils risquent des représailles ou des persécutions en raison de leurs convictions. «J'ai décidé de venir au Canada parce qu'on m'a donné l'ordre de participer à une guerre qui, selon moi, est illégale et viole aussi bien les droits de l'Homme que le droit international», raconte Brandon Hughey, un Américain de 19 ans qui a fui au Nord la veille du déploiement en Irak de sa division. Son compatriote, Jeremy Hinzman, 25 ans, est parti avec sa femme et son fils après s'être vu refuser le statut d'objecteur de conscience. Les deux hommes, qui ont leur site Internet, ont attiré la sympathie au Canada, pays qui a refusé de participer à l'intervention américaine au risque de froisser son puissant voisin. Plusieurs Américains, portés absents de leur régiment sans permission, se seraient enfuis dans le pays voisin du Nord via ce nouveau «chemin de fer clandestin». A l'origine, le «chemin de fer clandestin» était un réseau de maisons et de personnes sûres qui aidaient les esclaves en fuite à atteindre les Etats libres au Nord des Etats-Unis et au Canada. La guerre du Vietnam, et maintenant celle en Irak, lui a permis de ressusciter. Sarah Bjorknas, bibliothécaire à Vancouver (ouest du Canada), a rejoint ce réseau pacifiste parce qu'un universitaire de l'Etat de l'Utah (ouest des Etats-Unis) l'a contactée en lui disant redouter que le gouvernement américain ne réinstaure la conscription, alors que seuls les réservistes combattent actuellement. «Je fais cela parce que je ne crois pas que la guerre puisse résoudre les problèmes du monde et donc, je ne pense pas que les gens doivent être obligés de participer à quelque chose auquel ils ne croient pas», explique la jeune femme de 34 ans. Sa maison, située dans l'Est de Vancouver, est prête à devenir un sanctuaire pour les éventuels déserteurs américains. Pour Mme Bjorknas, ce réseau est quelque chose d'informel : simplement des gens désireux d'offrir refuge aux Américains. Alors que l'armée américaine a perdu plus de 750 hommes en Irak depuis le début du conflit et que le scandale sur les sévices infligés aux prisonniers irakiens gagne de l'ampleur, le Canada pourrait voir se multiplier le nombre de déserteurs, selon les pacifistes canadiens.