Un décret exécutif publié au Journal Officiel fixe la composition et les missions du Conseil national de protection des consommateurs. On peut dire à ce sujet : «Mieux vaut tard que jamais», tant le citoyen algérien a été malmené, rudoyé, pigeonné, par des commerçants sans vergogne. Alors que dans le monde entier, on considère que le client est roi, en Algérie on pense tout bonnement que le citoyen est le dindon de la farce. Depuis que les marchés de proximité ont été démantelés sans ménagement, les citoyens ont vu les prix prendre l'ascenseur, au point que la salade «s'offre» à 250 dinars le kilo, la pomme de terre ne daigne pas descendre en dessous de 130 dinars, et tous les autres légumes ou fruits sont montés en flèche. On se demande dans ces conditions quels seront le rôle et surtout l'impact du nouvel organisme si superbement baptisé Conseil national de protection du consommateur. On se souvient de l'époque où le vénérable journal El Moudjahid publiait tous les jours une mercuriale, portant les tarifs des prix des différents fruits et légumes. Les autorités locales se permettaient même le luxe d'afficher cette mercuriale sur le mur des marchés, mais les vendeurs pratiquaient les prix qu'ils voulaient et qui, très souvent, étaient deux à trois fois supérieurs à celui affiché juste à côté. Tout cela était possible parce qu'il n'y avait pas de contrôle. Et puis des organismes, ce n'est pas ce qui manque, comme cet observatoire de la corruption, qui n'a jamais empêché la corruption de se pratiquer au grand jour, les corrompus et les corrupteurs se permettant le luxe d'afficher ostensiblement les signes extérieurs de richesses et de biens mal acquis. Là, nous parlons des prix, mais il y a d'autres aspects liés à la santé du consommateur : il y a d'abord la composition des produits mis sur le marché, il y a actuellement tant d'ingrédients, d'additifs, ou de composés chimiques qui représentent un danger, mais aucun contrôle n'est exercé, ni a priori ni a posteriori. Il y aussi les dates de péremption, surtout pour les produits importés. De nombreux importateurs achètent à l'étranger des quantités astronomiques de produits périmés, qui devraient être détruits, mais on change l'étiquette et on fait des promotions. C'est absurde, mais c'est comme ça. Une partie des consommateurs algériens est conditionnée. Il leur suffit de savoir qu'un produit est importé pour ouvrir les cordons de leur bourse et acheter les yeux fermés. L'autre anomalie relevée concerne l'étiquetage sur les emballages : l'écriture est si petite qu'il faudrait une loupe pour pouvoir lire ce qui y est écrit. Là aussi, on se demande ce que font les services chargés du contrôle. Une étiquette illisible est une tromperie sur la marchandise, n'est-ce pas ? Il est facile de dire que le nouveau code alimentaire algérien comporte pas moins de 25 articles et 1 500 autres en annexe définissant avec précision les additifs autorisés, ainsi que le seuil maximal toléré dans les produits alimentaires destinés à la consommation humaine, allant jusqu'à interdire l'utilisation de certains édulcorants artificiels dont la toxicité est prouvée, mais de là à passer à l'action en contrôlant l'application de ces articles dans la réalité, le fossé est profond. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.