Vous avez menti monsieur le maire, sans aucune retenue, ni égard à votre auguste rang de premier magistrat de la ville. Au début de votre investiture, vous aviez affiché de bonnes intentions à l'adresse des citoyens qui vous ont réellement élu. En tant que militant d'une chapelle politique, vous avez eu toute la latitude et les moyens de diagnostiquer la morale et la manière de vous servir de vos collaborateurs, dans la collectivité locale, dont vous aviez la charge quotidienne. Cinq années sont bouclées, et à quelques encablures d'une nouvelle mandature, nous persistons à poser la même question pertinente, sous la forme d'une ritournelle, à la face de toute l'équipe qui vous entoure dans la gestion des affaires de la cité. N'avons-nous pas répété que l'exclusion est pire que la condamnation à mort ?! A dire vrai, il y en a qui ont trouvé que la morale est morte et bien enterrée. On en trouve aussi qui pensent que ses obsèques ont eu lieu et souhaitent à son âme de reposer en paix. En effet, peut-on vraiment parler d'intégrité dans une ville où l'immoralité est la chose la mieux partagée ? Au nom de l'argent roi, l'on est aujourd'hui prêt à trahir et, suprême immoralité, à tuer à petit feu... L'argent a divisé des amis que l'on disait inséparables, disloqué des foyers et des familles. L'immoralité est devenue la règle à tel point que des vertus comme la droiture, l'honnêteté, la probité, apparaissent comme de vilains défauts. Incarner ces valeurs ou les professer, vous fait ressembler à un extraterrestre qui dérange, qui fait peur. Comment sont-elles ces personnes par exemple qui, dans un milieu donné, ont refusé de marcher dans des combines, d'être complices de mensonges, de détournements, d'actes de corruption ? Pour leur grand malheur, ces personnes se retrouvent souvent même persécutées pour être restées droites dans leurs bottes. C'est le cas par exemple de ce responsable qui a été relevé de ses fonctions, pour avoir, tenez-vous bien, dénoncé officiellement des malversations. Si la morale n'était pas morte, moi le simple citoyen, sinon moi le patriote celui que vous qualifiez d'homme qui dérange, et pour certains le fou de la bande, je pense que c'est dans l'une de cette belle ville d'Algérie que nous aimons tous, que la gabegie, la corruption et le clientélisme sont devenus un sport local. C'est dans cette ville également que l'on fraude aux examens et concours de recrutement, aux marchés publics, et ce, malgré les mesures prises par l'Etat, à savoir l'existence de structures de lutte contre la corruption et la fraude. Vous avez promis de revoir les réseaux d'assainissement de nos cités, mettre un frein au fameux piston dans l'élaboration des listes de distribution de logements, construire des écoles et des dispensaires, réparer nos routes... Finalement, vous avez menti monsieur le maire. Malheureusement, il y a cette règle intransigeante, qui s'est heurtée à une certaine réalité, qui veut qu'il ne faut pas trop secouer le cocotier, ni donner un violent coup de pied dans la fourmilière. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.