Résumé de la 1re partie En 1923, existait une compagnie danoise qui avait créé une petite organisation sur la côte orientale du Groenland, onze postes de chasseurs de renard bleu. Et voilà le «Teddy» au milieu de tout cela ! D?abord, sans répit, des blocs viennent frapper sa coque. Des voies d?eau s?ouvrent. On man?uvre les pompes. On parvient tout juste à ne pas sombrer. Le 24 août, le «Teddy» est carrément soulevé par la banquise. Coincé entre deux blocs, il s?incline à 45°, à la limite extrême du chavirement. Et le plus extraordinaire, c?est qu?il reste dans cette position pendant un mois et demi ! Les deux blocs se sont soudés et le font dériver incliné ! Imaginons la vie de ces vingt-trois hommes, de la mi-septembre à octobre, sur ce bateau penché qui menace de s?abattre à tout instant ! Vingt-trois hommes qui se relaient pour pomper sans arrêt, parce que, par malheur, les voies d?eau sont du côté qui est dans l?eau ! Mais ce n?est pas fini, loin de là. Le 4 octobre arrive un ouragan. La goélette est toujours penchée à 45°, coincée entre ses deux blocs de glace, à la dérive. Mais voici que sous la force de l?ouragan, d?autres blocs sont soulevés, montent sur ceux qui lui servent de support, et viennent frapper sa coque ! Un premier brise le gouvernail. Un deuxième fait un trou dans le bordé : du côté à l?air libre, certes, mais un trou énorme ! Et les membrures sont disjointes par le choc ! Le bateau est irréparable. Alors, la situation est claire : si jamais les deux blocs qui soutiennent le «Teddy», penché, se décident à s?écarter, il coulera en trois minutes. Le commandant sait où il se trouve. Il a fait son point tous les jours au sextant. D?après ses calculs, le «Teddy» a déjà parcouru quatre cents kilomètres sur la banquise, en longeant la côte à deux cents kilomètres de distance environ. Il est encore à cinq cents kilomètres au nord du cercle polaire? Et il n?est plus qu?une épave en équilibre sur la glace. Il n?y a plus qu?une chose à faire. «Ordre d?évacuation ! Les vivres d?abord avec les vêtements, ensuite les outils, le matériel et tout ce qui pourra servir !» Et les vingt-trois hommes vident le bateau sur le morceau de banquise, prenant les fourrures en dernier. Au moins, si les blocs s?écartent, le «Teddy» coulera vide. Oui, mais voilà, sur un morceau de banquise, et sans abri ! Avec le vent qui souffle en rafales et moins 20° la nuit. Alors, bien qu?ils n?en puissent plus d?avoir vidé le bateau penché et que la nuit arrive, le commandant leur crie : «Douze hommes prennent des haches et tout ce qu?ils peuvent trouver et me démontent ce bateau ! Les autres construisent une cabane sur la glace ! Exécution immédiate si vous voulez vous réveiller vivants demain matin !» Les vingt-trois hommes sont des Danois, marins et trappeurs. Il n?y a pas besoin de le leur dire deux fois. Dans la nuit, ils démolissent suffisamment la malheureuse goélette pour en tirer de quoi faire une cabane. A ce moment, ils ne regrettent plus qu?elle soit en bois ! Personne ne dort : en pleine nuit et dans l?ouragan qui ne faiblit toujours pas, ils cassent, ils scient, ils transportent, ils assemblent, ils clouent. Au matin, ils ont une cabane d?un côté, un cadavre de bateau de l?autre. Et tout leur matériel au milieu, avec les trois canots de sauvetage. Tout cela, sur un morceau de glace qui continue à dériver, et qu?ils sentent parfois s?incliner sous leurs pieds, sous la poussée d?autres blocs ! Mais la tornade se calme. Alors, les vingt-trois Danois s?organisent. Ils finissent de démolir le «Teddy», consolident la cabane, ils doublent la cloison, à l?intérieur, en y clouant la cargaison de fourrures de renard bleu ! Ils en font la cabane de naufragés la plus luxueuse de tous les temps ! (à suivre...)