Résumé de la 112e partie - Sophia apprend à Charles que Nannie est morte après avoir bu le chocolat de Joséphine... Mais, dis-je, il n'est pas possible que vous partiez aujourd'hui ! — Et pourquoi donc ? Sa voix était dure. — Avec cette mort. — La mort de Nannie n'a rien à voir avec nous. — Peut-être que non ! Pourtant... — Pourquoi dites-vous : «Peut-être que non !» ? Il n'y a pas de «peut- être» ! Roger et moi, nous étions en haut, en train de finir nos bagages. Nous n'avons pas paru au rez-de-chaussée durant tout le temps que le chocolat est resté sur la table... — Vous pouvez le prouver ? — Je réponds de Roger et Roger répond de moi. — C'est peu !... N'oubliez pas que vous êtes mari et femme ! Elle s'emporta. — Vous êtes impossible, Charles ! Roger et moi, nous nous en allons... vers une vie nouvelle. Pourquoi diable voudriez-vous que nous eussions empoisonné une brave fille un peu bornée qui ne nous a jamais fait aucun mal ? — Ce n'était peut-être pas à elle que le poison était destiné ! — Nous sommes encore moins susceptibles de vouloir empoisonner une enfant ! — Ça dépend de l'enfant ! — Que voulez-vous dire ? — Que Joséphine n'est pas une enfant comme les autres ! Elle sait un tas de choses sur les gens. Elle... Je m'interrompis brusquement. Joséphine arrivait, par la porte du couloir conduisant au salon. Elle croquait son inévitable pomme et, au-dessus de ses joues roses, ses yeux brillaient de joie. — Nannie a été empoisonnée ! nous dit-elle. Exactement comme grand-père. C'est passionnant ! Vous ne trouvez pas ? Je pris un air sévère pour répondre : — Vous n'êtes pas bouleversée ? Vous ne l'aimiez donc pas ? — Pas spécialement. Elle était tout le temps en train de me gronder ! C'était une faiseuse d'histoires. — Aimes-tu seulement quelqu'un, Joséphine ? L'enfant leva les yeux vers Clemency. — J'aime tante Edith. Je l'aime beaucoup... Et j'aimerais bien aussi Eustace, si seulement il n'était pas si méchant avec moi et si ça l'intéressait de découvrir le criminel qui est responsable de tout. — Joséphine, dis-je, vous feriez mieux de ne plus le chercher ! C'est dangereux. Elle répliqua : — Je n'ai plus besoin de le chercher. Je sais tout. Il y eut un long silence. Joséphine, les yeux fixés sur Clemency, la regardait sans ciller. J'entendis dans mon dos un soupir. Je me retournai vivement. Edith de Haviland descendait l'escalier. Mais je n'eus pas l'impression que ce soupir, c'était elle qui l'avait poussé. Il devait venir de derrière la porte par laquelle Joséphine était arrivée. Vivement, j'allai l'ouvrir. Il n'y avait personne. (A suivre...)