C'est par un samedi soir, le 28 octobre 1988, que Mustapha Kateb avait répondu présent à l'appel de son Créateur pour partir définitivement vers l'au-delà.L'artiste, qui a passé sa vie à donner des spectacles de fiction pour parler de la réalité, s'est retrouvé en ce samedi soir devant une réalité triste pour ceux qui l'ont connu mais sûrement gaie pour lui, l'homme, l'artiste, le bienfaiteur. «La mort de Mustapha est une grande perte pour la culture algérienne», avait déclaré la comédienne Fettouma en apprenant le décès de l'artiste qui était aimé de tous. En effet, la culture et le théâtre ont bien ressenti la perte de Kateb qui a tout fait pour que l'Algérie ait un vrai théâtre. Sachant qu'on ne peut évoluer sans passer par la formation de vrais metteurs en scène, scénographes, comédiens et techniciens, il avait décidé dès 1966 l'ouverture de l'Institut des arts dramatiques (INAD) de Bordj El Kiffan, devenu Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel ( ISMAS). Une vie consacrée à l'art et à l'Algérie Il faut dire que cet institut a autant souffert que son créateur. Fermé à plusieurs reprises, il attend à ce jour une réelle prise en charge comme la voulait Kateb. Il est souhaitable que la proposition du fils de Rouiched de baptiser cet institut du nom de Mustapha Kateb soit concrétisée. Né en 1920 à Souk Ahras, Kateb est venu à Alger en 1934. A peine quelques années après, en 1938, il fait ses débuts à la Radio, et dès 1940, il s'investit dans les planches. Il participe aux tournées Mahieddine et créé sa propre troupe. En 1958, il regroupe les comédiens, chanteurs et musiciens pour créer la troupe du FLN. Des artistes tels que Hassan Hassani, Tayeb Abou El Hassan et bien d'autres n'auront pas la chance de faire partie de cette troupe car ils étaient soit en prison, dans les camps de concentration ou au djebel. Dès l'Indépendance, le Théâtre national algérien (TNA), qui vient d'être créé, devient la première institution algérienne nationalisée. Mohamed Boudia et Mustapha Kateb se retrouveront à la tête du TNA et font appel à tous les artistes de toutes les régions à les rejoindre. Les meilleures années du théâtre algérien En 1965, Kateb deviendra le directeur et un grand travail est entamé. Les spécialistes reconnaissent que la meilleure période vécue par le TNA est entre 1966 et 1972, c'est-à-dire lorsque Kateb en était le directeur. La troupe avait gagné plusieurs prix, notamment à Carthage (Tunisie) et Damas (Syrie). L'homme qui fut parmi les meilleurs metteurs en scène aux côtés de Allel El Mouhib et Hadj Omar avait plein de projets en tête. Il organise des stages et des rencontres à Cherchell et à Oran mais son exploit reste la création de l'INAD. Le dirigeant, comédien et metteur en scène n'était pas souvent écouté, ce qui a entravé ses projets. En jouant dans L'opium et le bâton de Ahmed Rachedi, Kateb a montré qu'il était fort aussi bien sur l'écran que sur scène. Il jouera d'autres films et obtiendra le même succès.Dans la réalisation d'un feuilleton télévisé, la réussite ne fut vraiment pas à la hauteur de Kateb qui restera parmi les fondateurs du théâtre algérien. Le théâtre communal de Souk Ahras porte le nom de Kateb et un timbre a été édité en hommage au grand artiste et militant mais cela reste insuffisant. L'INADC mériterait bien de porter son nom.