Insouciance - Vivre dans un environnement propre est devenu la dernière préoccupation des Algériens. Jeter un mégot ou un gobelet en pleine rue même si une poubelle est à quelques centimètres seulement, abandonner un journal dès qu'on termine sa lecture n'importe où, lâcher des serviettes, des sacs en plastique sans se soucier de la propreté de l'espace public...Voilà des comportements qui sont devenus très courants chez les Algériens, tous âges et sexes confondus. Certains ne se gênent même plus pour jeter des sac poubelles des fenêtres et même...uriner là où ils trouvent un endroit discret. Il semble que personne n'accorde une importance à la salubrité de nos villes transformées en «dépotoirs» à ciel ouvert. Les multiples campagnes de sensibilisation menées à cet effet n'ont rien apporté de positif, en dépit du nombre important de citoyens qu'elles drainent. Lors des manifestations de ce genre organisées à travers la plupart des villes des différentes régions, les participants ont toujours tenu à souligner leur détermination à déployer des efforts pour débarrasser les espaces publics de la saleté. Toutefois, les mauvais réflexes resurgissent après à peine quelques heures, comme si les attitudes préjudiciables à la salubrité sont «innées». Et aucune cité en Algérie n'est épargnée par ce fléau qui porte une grave atteinte aussi bien à la santé publique qu'à l'attractivité. «Cette malédiction nous est tombée dessus à partir de la fin des années 1980. Avant, les villes algériennes étaient aussi propres que celles des pays européens. Où est l'école ? la société civile ? la famille ? le voisinage ? l'ordre public ? Toutes ces parties sont responsables de cette situation lamentable et tant qu'elles sont absentes, rien ne pourra jamais changer», regrette Aâmi Tahar, septuagénaire, habitant à Alger-centre. «Personnellement, j'ai sillonné pratiquement toutes les villes algériennes car je travaillais comme démarcheur auprès d'une entreprise publique durant les années 1970 et 1980. Là où je me trouvais, les trottoirs, jardins publics et stations de bus brillaient de propreté. Maintenant, je n'ai même plus envie de sortir de chez moi», affirme Aâmi Saïd, habitant à Béjaïa. Il est vrai que les moyens mobilisés pour le nettoyage public sont en deçà des besoins constatés, mais l'inconscience des citoyens et leur manque accru de civisme constituent les principaux facteurs de cette saleté galopante qui ne cesse d'envahir nos villes. La plupart du temps, on ne respecte même pas les horaires impartis à sortir la poubelle. A Alger, par exemple, plusieurs personnes jettent leurs poubelles après le passage des camions de l'entreprise Netcom, ce qui fait que ces déchets restent près de 24 heures dans les bennes à ordures et dégagent des odeurs nauséabondes agressant les narines. Dans plusieurs autres villes, notamment à l'intérieur du pays, il y a un semblant de décharge publique dans chaque coin, les commerçants et habitants entassent des sac-poubelles à tout moment, des déchets qui restent parfois plusieurs jours. Bouira, Chlef, Isser (Boumerdès), Ouled Yaïche ( Blida) ne sont que des échantillons. Le drame est d'envergure nationale...