Enjeu - Atteindre le chiffre d'un million de vaches laitières à moyen terme est possible à condition de mettre à la disposition des agriculteurs et des éleveurs 200.000 ha de terres irrigables. En attendant, la dépendance à la poudre de lait demeure très importante. L'importation de cette matière coûte annuellement 800 millions dollars au Trésor public. Les raisons de ce retard sont multiples à commencer par la complexité de la filière en matière d'organisation. «C'est une filière très complexe parce qu'il y a plusieurs intervenants et qu'elle demande beaucoup d'organisation», a répondu le président du Comité interprofessionnel du lait à la question de savoir quelles sont les causes de ce retard. Mahmoud Benchakour qui intervenait ce lundi matin sur les ondes de la chaîne III, a toutefois indiqué que des efforts sont consentis pour dépasser cette contrainte. Pour preuve, la création du Comité interprofessionnel du lait, les Comités régionaux de l'interprofession laitière et bientôt un comité de production de fourrage vert. Cet aliment essentiel aux vaches laitières constitue l‘autre «point noir» du secteur, affirme M. Benchakour. L'Algérie a besoin aujourd'hui de 200 000 hectares de terres irrigables pour nourrir le million de vaches laitières nécessaires à couvrir les besoins nationaux. «Sans la production fourragère l'élevage de vaches laitières ne se développera pas», insiste-t-il avant de revenir sur cette question d'irrigation. M. Benchakour appelle dans ce cadre à la révision de la prime d'irrigation qui est fixée actuellement à 6 000 DA par hectare irrigué. «Les éleveurs dans la situation actuelle sont dépourvus financièrement. L'activité n'est pas assez rentable pour leur permettre d'investir avec leurs propres moyens», a-t-il précisé. Il affirme néanmoins qu'il existe un «retour des éleveurs vers cette activité» tout en assurant «mettre à leur disposition tous les moyens financiers» pour une reprise certaine dans les prochaines années. M. Benchakour a notamment évoqué les différents crédits exonérés d'intérêt au profit des éleveurs. Cette aide financière ajoutée à la mise en place d'un réseau de collecte a permis de tripler la production laitière en passant de 150 millions de litres/an à 700 millions litres/an. Il est important de «renforcer ce maillon de la chaîne et le réseau de producteurs laitiers. Il faut mettre en synergie les efforts des éleveurs, collecteurs et transformateurs de lait», estime M. Benchakour. L'Algérie compte dans ses étables 250 000 têtes de bovins laitiers modernes avec une production de 5 500 litres/an, ainsi que 600 000 têtes de bovins croisés produisant 4 500 litres/an. Un nombre très en deçà des besoins du pays pour arriver dans l'immédiat à une autosuffisance en matière de ce produit vital. Enfin, sur la subvention du prix du lait fixé à 25 DA et que certains éleveurs voudraient voir revu à la hausse, l'intervenant dira : «Le prix bas de sachet de lait tire vers le bas la production laitière nationale.» Il faudrait, donc «trouver comment améliorer la production laitière locale sans pénaliser les petites bourses».