La flambée des prix de la poudre de lait n'est pas à écarter. Les cours vont connaître une hausse dans les prochains mois, ce qui constitue une véritable menace sur la production de lait pasteurisé en Algérie. «La hausse des prix sur les marchés mondiaux est envisagée, ce qui nous met devant de grandes contraintes», a estimé le représentant du Lactalis, lors d'une rencontre intitulé «la filière laitière en Algérie , solution et perspectives», organisée hier à l'hôtel Hilton. Cette situation contraignante se pose au moment où la stratégie visant à relever la production nationale de lait cru tarde à se mettre en place. «La production locale de lait cru est estimée actuellement à 500 millions de litres, ce qui est très loin des besoins nationaux en la matière, estimée à 3 milliards de litres», a affirmé Mahmoud Benchakour, président du conseil interprofessionnel de lait (CIL). Notre interlocuteur dira que l'Algérie gagnera mieux en tentant d'assurer au moins 50% des besoins exprimées par la population. «Le défi actuel de notre pays est de pouvoir garantir 50% du besoin national grâce à la production, ce qui est un objectif loin d'être atteint. Pour cela, il est impératif de produire 6000 litres de lait cru annuellement» a ajouté le représentant du CIL. L'Algérie compte actuellement 800 000 bovins laitiers modernes, ce qui représente un peu plus que les besoins réels en la matière dans la mesure où 500 000 vaches suffisent largement à produire la quantité demandée. Mais le grand problème qui se pose actuellement est au niveau de l'indisponibilité de l'aliment du bétail. En vue de faire la promotion de l'élevage et élargir l'investissement en la matière, notre pays a mis en place une politique d'aide aux éleveurs en plus des formes de soutien aux collecteurs et aux transformateurs. Ainsi, 12 dinars sont accordés aux producteurs de lait cru, comprenant la culture fourragère, l'extension et la promotion de l'insémination artificielle. L'Etat accorde 10 000 dinars trois mois après la production de l'insémination et 50 000 DA après la naissance d'une vache. «Mais cette aide s'avère insuffisante pour les éleveurs, qui affirment ne plus pouvoir gager leur vie correctement. Ces derniers ont affirmé ne pas pouvoir faire les investissements nécessaires pour développer la production de lait cru», a indiqué Mahmoud Benchakour. Pour faire face à cette situation difficile, les éleveurs réclament la modernisation des exploitations. «Les éleveurs demandent la mécanisation des étables et le développement des cultures fourragères», a ajouté notre interlocuteur, précisant «qu'il est impossible d'avoir un développement de l'élevage laitier sans faire des extensions et des intensifications des cultures fourragères.» La stratégie de l'Etat peine à décoller L'autre problème évoqué qui contraint la production laitière est l'indisponibilité de l'aliment du bétail. Le représentant du CIL estime «qu'il est donc inutile d'importer des vaches pour développer l'élevage sans améliorer la culture fourragère, sachant que ces zones sont disputées entre les différents spéculateurs agricoles d'où la nécessité d'orienter l'aide de l'Etat vers ce segment», a-t-il ajouté. Le problème de la collecte de lait cru est encore en suspens. M. Amroun, directeur central du groupe Giplait, a appelé à l'organisation et la désertification des réseaux de collecte pour améliorer le taux de collecte qui représente actuellement 20% de la production nationale. Par ailleurs, il faut noter que la problématique de la distribution de la poudre de lait aux transformateurs n'a toujours pas été réglée. Les opérateurs concernés ont contesté les chiffres communiqués par M. Soukhal, président du conseil d'administration de l'ONIL, lequel a affirmé que le coût de revient d'un litre de lait est estimé à 16,38 dinars pour lesquels sont utilisés 103 grammes de poudre de lait. «C'est anormal. La norme indique l'utilisation de 112 g pour un litre de lait. Beaucoup d'opérateurs ont été traînés devant la justice pour le non-respect de cette quantité, alors que le responsable affirme que tout le monde s'en sort bien. Ce qui est archi-faux» a affirmé un opérateur de la wilaya de Aïn Defla.