La Libye annonce la fermeture de ses frontières avec ses quatre voisins, l'Algérie, le Niger, le Tchad et le Soudan, invoquant des raisons d'ordre sécuritaire. Devant la recrudescence de la violence, du trafic de drogue et la présence de groupuscules armés qui agissent en toute impunité et qui continuent de déstabiliser ce pays, le gouvernement en place a de plus en plus de mal à faire face à une situation qui ne cesse de se détériorer de jour en jour. L'Assemblée nationale, la plus haute autorité politique du pays, a décidé «la fermeture temporaire des frontières terrestres libyennes avec le Tchad, le Niger, le Soudan et l'Algérie jusqu'à l'organisation» de la circulation des biens et des personnes avec ces pays, selon le texte de la décision publié par l'agence libyenne Lana. «Les régions de Ghadames, Ghat, Obari, al-Chati, Sebha, Mourzouk et Koufra dans le Sud libyen sont considérées comme des zones d'opérations militaires fermées, régies par les lois d'exception en la matière», précise le texte. La décision adoptée à la majorité, a mandaté le ministre de la Défense pour nommer un gouverneur militaire de la région du Sud et lui octroyer tous les pouvoirs de l'exécutif, y compris l'arrestation des personnes recherchées par la justice, les infiltrés et leur rapatriement». Une députée qui représente la ville de Sebha (800 km au sud de Tripoli) à l'Assemblée nationale, Souad Ganour, a indiqué que la décision de fermeture des frontières était «temporaire jusqu'au rétablissement de la sécurité dans le Sud». Elle a dénoncé une «hausse du flux des immigrés clandestins, en prévision d'une éventuelle action militaire internationale au Mali» afin de chasser les groupes armés qui en occupent le Nord. Elle a déploré aussi la «recrudescence de la violence et du trafic de drogue et la présence de groupuscules armés qui agissent en toute impunité». De retour d'une tournée régionale qui l'a conduit en Algérie, Niger, Tchad et Soudan, le Premier ministre libyen Ali Zeidan a indiqué vendredi à Tripoli qu'un accord quadripartite allait être signé pour sécuriser les frontières avec ces pays contre les «terroristes». Il a ajouté que «les habitants de la région du Sud libyen se sont plaints de l'insécurité, soulignant que le désert libyen est devenu un couloir de transit pour tous les types de trafic notamment la drogue, les armes et la traite des personnes». Début décembre, les élus du Sud libyen se sont retirés du Parlement en protestation contre l'inaction des autorités à l'égard de l'insécurité qui règne dans leur région. Le boycott des travaux de l'Assemblée a été décidé au lendemain de l'évasion de deux cents prisonniers d'une prison à Sebha (800 km au sud de Tripoli), selon les députés de la région. Explosions et vague d'assassinats Quatre policiers ont été tués dans des attaques contre des postes de police à Benghazi, après l'arrestation d'un des principaux suspects dans l'enquête sur des assassinats d'officiers ces derniers mois dans cette ville de l'Est libyen. Selon, un haut responsable de la sécurité l'attaque a eu lieu, hier, dimanche, à l'aube. Selon lui, les assaillants tentaient de «libérer ou liquider» le suspect d'une série d'assassinats d'officiers de l'armée et de la police à Benghazi, qui avait été arrêté la veille. Le responsable au sein des services de sécurité a précisé que le suspect avait reconnu son implication dans au moins une douzaine d'assassinats et fourni les noms de ses complices. L'interpellé a fourni en outre une liste des officiers ciblés, dont le nouveau ministre de l'Intérieur, Achour Chwayel. Benghazi a été le théâtre de plusieurs explosions et d'une vague d'assassinats ces derniers mois. Ces attentats sont généralement attribués aux islamistes radicaux. Les nouvelles autorités libyennes, qui tentent de mettre en place une armée et une police nationales, ne sont pas parvenues à désarmer les groupes d'ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi.