Combien de morts ont causé les affrontements intertribaux qui ensanglantent le sud de la Libye depuis le 26 mars ? Plus de 70, de source gouvernementale à Tripoli ; près de 400, prétend, une source proche des Toubous, des Libyens d'origine africaine pris pour cible par des tribus arabes dans la ville de Sebha, à un millier de kilomètres au sud de Tripoli. Combien de morts ont causé les affrontements intertribaux qui ensanglantent le sud de la Libye depuis le 26 mars ? Plus de 70, de source gouvernementale à Tripoli ; près de 400, prétend, une source proche des Toubous, des Libyens d'origine africaine pris pour cible par des tribus arabes dans la ville de Sebha, à un millier de kilomètres au sud de Tripoli. Malgré l'annonce d'un cessez-le-feu mercredi 28 mars, des combats seraient encore en cours dans la principale ville du sud libyen, rapporte le quotidien Le Monde. Les Toubous dénoncent le nettoyage ethnique au cours duquel plusieurs centaines d'habitations ont été incendiées et plusieurs milliers de civils contraints de fuir. "Nos quartiers sont assiégés et nos maisons détruites, affirme Jomode Ely Getty, le représentant des Toubou en France. On tue nos hommes, nos femmes, nos enfants. C'est un génocide." Le terme est probablement exagéré, mais les scènes de pogroms en cours sont un signe de plus des féroces luttes d'influence à l'œuvre dans la Libye post-Kadhafi et de l'incapacité du gouvernement central à faire régner la sécurité et à régler les différends alors que le trafic d'armes prospère. Tout a débuté le 26 mars par l'assassinat du dirigeant toubou Ahmat Ely Galmaï et de deux de ses adjoints lors d'une réunion tendue de chefs de milice dans l'ancien palais du peuple de Sebha. Les agresseurs seraient des Arabes affiliés à la tribu des Ouled Souleïmane, selon le journal qui révèle que le partage du "budget sécurité", de 10 millions de dinars (6 millions d'euros), semble être la cause initiale des affrontements, ainsi que le contrôle des frontières, source de lucratifs trafics. De décembre 2011 à février, les tribus arabes Zwaï et les Toubous se sont affrontés dans l'oasis de Koufra, dans l'extrême sud-est du pays, pour le contrôle des routes qui mènent au Soudan et au Tchad. Mais à Sebha, les heurts ont vite pris une tournure politique. Les Toubous, qui ont annoncé jeudi la formation d'un gouvernement du Sud libyen sous la houlette d'Alachi Mehdi, menacent de saboter un pipeline et de faire appel à leurs frères du Tchad et du Niger. Ressources pétrolières La chute du colonel Kadhafi a rebattu les cartes de l'équilibre tribal en Libye. Les tribus dites "africaines", comme les Toubous et les Touaregs, demandent une meilleure reconnaissance de leurs droits et de leur identité. Au sein des tribus arabes, les perdants de l'ère Kadhafi remettent en cause la domination des Kadhadfa et des Magarha, proches de l'ancien régime. Enfin, les Arabes reprochent aux Africains d'avoir travaillé pour le Guide, qui avait recruté des mercenaires touareg et africains lors de la guerre civile de mars à octobre 2011. Ainsi, la région d'Oubari, près de la frontière algérienne, est le théâtre d'affrontements peu médiatisés entre tribus touareg, dont c'est le territoire, et les Arabes de Zenten, fers de lance de la révolution. A terme, le risque est qu'Africains et Arabes s'affrontent sur une base raciale, comme au Darfour soudanais. Sebha, où toutes ces communautés sont présentes, est l'objet de convoitises. En cas de retour à un système fédéral, la ville serait appelée à redevenir la capitale d'une immense province du Sud, le Fezzan, riche en ressources pétrolières, gazières et aquifères. Les tribus arabes, en particulier les Ouled Souleimane, ambitionnent de prendre la tête d'un tel ensemble. En revanche, les Toubou ainsi que les Touareg voudraient conserver l'ancien découpage administratif, en départements, qui leur permettrait de rester maîtres dans leur fief : Oubari pour les Touareg et Mourzouk pour les Toubou. Malgré l'annonce d'un cessez-le-feu mercredi 28 mars, des combats seraient encore en cours dans la principale ville du sud libyen, rapporte le quotidien Le Monde. Les Toubous dénoncent le nettoyage ethnique au cours duquel plusieurs centaines d'habitations ont été incendiées et plusieurs milliers de civils contraints de fuir. "Nos quartiers sont assiégés et nos maisons détruites, affirme Jomode Ely Getty, le représentant des Toubou en France. On tue nos hommes, nos femmes, nos enfants. C'est un génocide." Le terme est probablement exagéré, mais les scènes de pogroms en cours sont un signe de plus des féroces luttes d'influence à l'œuvre dans la Libye post-Kadhafi et de l'incapacité du gouvernement central à faire régner la sécurité et à régler les différends alors que le trafic d'armes prospère. Tout a débuté le 26 mars par l'assassinat du dirigeant toubou Ahmat Ely Galmaï et de deux de ses adjoints lors d'une réunion tendue de chefs de milice dans l'ancien palais du peuple de Sebha. Les agresseurs seraient des Arabes affiliés à la tribu des Ouled Souleïmane, selon le journal qui révèle que le partage du "budget sécurité", de 10 millions de dinars (6 millions d'euros), semble être la cause initiale des affrontements, ainsi que le contrôle des frontières, source de lucratifs trafics. De décembre 2011 à février, les tribus arabes Zwaï et les Toubous se sont affrontés dans l'oasis de Koufra, dans l'extrême sud-est du pays, pour le contrôle des routes qui mènent au Soudan et au Tchad. Mais à Sebha, les heurts ont vite pris une tournure politique. Les Toubous, qui ont annoncé jeudi la formation d'un gouvernement du Sud libyen sous la houlette d'Alachi Mehdi, menacent de saboter un pipeline et de faire appel à leurs frères du Tchad et du Niger. Ressources pétrolières La chute du colonel Kadhafi a rebattu les cartes de l'équilibre tribal en Libye. Les tribus dites "africaines", comme les Toubous et les Touaregs, demandent une meilleure reconnaissance de leurs droits et de leur identité. Au sein des tribus arabes, les perdants de l'ère Kadhafi remettent en cause la domination des Kadhadfa et des Magarha, proches de l'ancien régime. Enfin, les Arabes reprochent aux Africains d'avoir travaillé pour le Guide, qui avait recruté des mercenaires touareg et africains lors de la guerre civile de mars à octobre 2011. Ainsi, la région d'Oubari, près de la frontière algérienne, est le théâtre d'affrontements peu médiatisés entre tribus touareg, dont c'est le territoire, et les Arabes de Zenten, fers de lance de la révolution. A terme, le risque est qu'Africains et Arabes s'affrontent sur une base raciale, comme au Darfour soudanais. Sebha, où toutes ces communautés sont présentes, est l'objet de convoitises. En cas de retour à un système fédéral, la ville serait appelée à redevenir la capitale d'une immense province du Sud, le Fezzan, riche en ressources pétrolières, gazières et aquifères. Les tribus arabes, en particulier les Ouled Souleimane, ambitionnent de prendre la tête d'un tel ensemble. En revanche, les Toubou ainsi que les Touareg voudraient conserver l'ancien découpage administratif, en départements, qui leur permettrait de rester maîtres dans leur fief : Oubari pour les Touareg et Mourzouk pour les Toubou.