Taux - Le projet controversé de constitution égyptienne a été «adopté par référendum par 64 % des voix». C'est l'annonce faite ce dimanche, par les islamistes au pouvoir ainsi que des médias officiels, après une campagne qui a profondément divisé le pays. Les Frères musulmans, dont est issu le Président Mohamed Morsi, et le journal officiel El-Ahram disent baser leurs déclarations sur les résultats de la seconde phase du vote, organisée hier samedi, mais aussi de la première phase, qui s'était déroulée une semaine auparavant. Le taux de participation global avoisine les 32 % d'après les chiffres que la confrérie a postés sur son compte Twitter. Les résultats sont basés sur les deux phases du scrutin et sur les rapports des officiels de retour de presque tous les bureaux de vote, selon la même source. Le comité électoral doit annoncer les résultats définitifs d'ici à deux jours. Si elle est adoptée, la nouvelle Constitution, rédigée par un conseil dominé par les islamistes et boycottée par les chrétiens et les libéraux, doit entrer en vigueur cette semaine. Elle accordera le pouvoir législatif au Sénat jusqu'à ce qu'un nouveau parlement soit élu pour remplacer l'assemblée, dominée par les islamistes, qui avait été dissoute en juin dernier. Comme samedi dernier, le principal groupe d'opposition, le Front du salut national (FSN), a, lui, dénoncé des fraudes affirmant dans un communiqué que certaines personnes s'étaient fait passer pour des juges pour superviser le vote. Les groupes de défense des libertés affirment que la Constitution menace les droits des minorités religieuses et des femmes tout en autorisant les militaires, qui conservent une influence considérable sur la politique, à juger les civils qu'ils estiment «nuisibles» à l'armée. Pour le camp présidentiel en revanche, l'adoption d'une nouvelle Constitution doterait enfin le pays d'un cadre institutionnel stable, qui viendrait clore la transition tumultueuse que vit l'Egypte depuis la chute de Moubarak. Parallèlement au vote, le vice-président Mahmoud Mekki, un magistrat respecté, a annoncé en début de soirée sa démission, disant avoir «réalisé depuis un moment que la nature du travail politique ne convenait pas à (sa) formation professionnelle de juge». Dans le même temps, la télévision d'Etat a annoncé puis démenti la démission, sans en donner la raison, du gouverneur de la Banque centrale, après des rumeurs ces derniers jours sur son possible départ pour des raisons de santé. Il convient de rappeler, par ailleurs, que la tenue de ce référendum n'a pas été sans incidents. Il a été précédé par plusieurs semaines de manifestations qui ont parfois dégénéré en heurts entre adversaires et partisans de M. Morsi et du puissant mouvement dont il est issu : les Frères musulmans. Les affrontements de vendredi dernier à Alexandrie, la deuxième ville du pays, ont fait plusieurs dizaines de blessés, et début décembre, huit personnes ont été tuées dans des affrontements au Caire.