La délinquance a tendance à prendre des proportions de plus en plus inquiétantes et sa forme la plus abjecte, l'enlèvement d'enfants, a tendance à dangereusement prendre de l'ampleur. Ce n'est pas fortuit si aujourd'hui la presse rapporte l'horrible assassinat de la petite Chaïma de Mahelma et de temps à autre le kidnapping d'un enfant, l'enlèvement d'une fillette. Ce n'est également pas pour apitoyer les citoyens que des parents collent sur les murs de nos villes des affichettes signalant la disparition de leur chérubin. Ils sont des milliers à avoir disparu, kidnappés par une nouvelle race de malfrats sans foi ni loi qui, dans certains cas, monnayent l'otage contre une rançon. Il y a les autres, les détraqués, les pédophiles, qui procèdent au rapt d'enfants en bas âge pour assouvir leur instincts et, là aussi, malheureusement, les victimes sont toutes massacrées de la façon la plus horrible pour les empêcher de témoigner. Quant aux bandits rançonneurs, il faut juste rappeler ce fait divers qui défraya la chronique du temps du défunt Président Boumediene lorsqu'une bande de voyous avait kidnappé le fils du gouverneur de la Banque d'Algérie au début des années soixante-dix en exigeant une forte rançon pour sa libération. Après une enquête minutieuse, les auteurs furent appréhendés et c'est le Président Boumediene lui-même qui demanda à ce que soit appliquée la peine de mort. C'était le premier enlèvement dans l'histoire du pays. L'accusé principal fut immédiatement exécuté. Il n'y eut plus aucun enlèvement depuis. En 1967, des femmes étaient assassinées à Oran dans des conditions particulièrement atroces. Malgré les appels à témoin, aucun élément n'a permis d'arriver aux tueurs. Pas le moindre indice. Le brouillard total. Les différentes enquêtes ayant fait chou blanc, on finira par croire que ces crimes étaient commis par des marginaux qui n'avaient pas toute leur tête. Un détail retiendra tout de même l'attention. Les tueurs utilisaient le même mode opératoire à chaque exécution, à savoir un ou plusieurs coups portés derrière la nuque de leur victime à l'aide d'un objet contondant. Si la police piétinait faute de piste sérieuse, la liste des meurtres, elle, s'allongeait de semaine en semaine. Une véritable psychose s'était emparée de la ville à l'époque. Les gens avaient peur. Très peur. Et beaucoup se calfeutraient chez eux sitôt la nuit tombée. La presse locale tournait en rond et se perdait en conjonctures. On était face à un mystère aussi épais que la purée de pois londonienne. À croire qu'il y avait du Jack l'éventreur dans cette affaire. Et puis, un jour, dans un quartier huppé, des voisins, alertés par les cris de terreur d'une femme qui venaient d'une villa mitoyenne, coururent prêter main forte à la malheureuse. Tenu en respect par une demi-douzaine d'hommes décidés à lui faire la peau, le rôdeur finira par se rendre. Il sera vite ceinturé et menotté et échappera de peu au lynchage de la foule. Après tout, ce n'était qu'un vagabond. Mais un vagabond qui avait un pilon et ce pilon était taché de sang. Daho Saïd, puisque c'est de lui qu'il s'agit et que l'on surnommera au cours du procès Bou-mahraz, ou l'homme au pilon, sera condamné à mort et exécuté au champ de tir de Canastel. Il n'avait ni la charpente de Landru ni le génie malade du Dr Petiot. Il était petit et lâche. Il urinera même dans son pantalon pendant qu'on lui bandait les yeux. Avant que le rapt ne devienne banal en ces années terribles. Il y a des fois où l'on se surprend à devenir un fervent supporter de la peine de mort. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.