En 1967, des femmes étaient assassinées à Oran dans des conditions particulièrement atroces. Malgré les appels à témoin, aucun élément n'a permis d'arriver aux tueurs, pas le moindre indice. Le brouillard total. Les différentes enquêtes ayant fait chou blanc, on finira par croire que ces crimes étaient commis par des marginaux qui n'avaient pas toute leur tête. Un détail retiendra tout de même l'attention. Les tueurs utilisaient le même mode opératoire à chaque exécution, à savoir un ou plusieurs coups portés derrière la nuque de leur victime à l'aide d'un instrument contondant. Si la police piétinait faute de piste sérieuse, la liste des meurtres, elle, s'allongeait de semaine en semaine. Une véritable psychose s'était emparée de la ville à cette l'époque. Les gens avaient peur. Très peur. Et beaucoup se calfeutraient chez eux sitôt la nuit tombée.La presse locale tournait en rond et se perdait en conjectures. On était face à un mystère aussi épais que la purée de pois londonienne. À croire qu'il y avait du Jack l'éventreur dans cette affaire. Et puis, un jour, dans un quartier huppé, des voisins, alertés par les cris de terreur d'une femme qui venaient d'une villa mitoyenne, coururent prêter main forte à la malheureuse. Tenu en respect par une demi-douzaine d'hommes, décidés à lui faire la peau, le rôdeur finira par se rendre. Il sera vite ceinturé et menotté et échappera de peu à la fureur de la foule. Après tout, ce n'était qu'un vagabond. Mais un vagabond qui avait un pilon et ce pilon était taché de sang. Quant à la femme qui était légèrement blessée à la tête, ses jours n'étaient pas en danger. Au poste de police, l'homme dit s'appeler Daho Saïd. Il est même père de deux enfants et habite le quartier populaire de cité Petit. On ne lui connaît aucun antécédent. Devant des policiers sidérés, l'homme avouera, sans se faire prier, une demi-douzaine de meurtres jamais élucidés jusque-là. Se pouvait-il qu'il soit tous les tueurs à la fois, c'est à dire un sérial kyler, un tueur en série ? Daho Saïd, que l'on surnommera au cours du procès Bou-mehrez, ou l'homme au pilon, sera condamné à mort et exécuté au champ de tir de Canastel. Il n'avait ni la charpente de Landru ni le génie malade du Dr Petiot. Il était petit et lâche. Il urinera même dans son pantalon pendant qu'on lui bandait les yeux. Le premier syrial kiler de notre pays n'était qu'une frappe de un mètre soixante d'envergure, sans courage et sans rejla. M. M.