Circonstances aggravantes - En cette soirée d'été, chaude et humide, dans une petite ville du Congo à 70 km de Kinshasa, un brasier générant une épaisse fumée noirâtre sur des kilomètres sont visibles aux alentours de la rivière Lembwe. Des corps sans vie, les têtes recouvertes de tissus de fortune, sont éparpillés un peu partout tout au long de la voie. Des corps encore encastrés, sont coincés entre et dans des wagons. Telles sont les quelques séquences que le journal télévisé congolais montrait en ce début de matinée du 2 août 2007. Dans la nuit, un train de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), a déraillé à Kakenge dans la province du Kasaï occidental, en République démocratique du Congo. En ce mois d'août 2007, la province du Kasaï occidental est sans gouverneur depuis déjà plusieurs mois. Dans un contexte politique déjà très difficile, et l'insuffisance des infrastructures de santé de base, cette catastrophe est une épreuve de plus aussi bien à l'endroit du gouvernement en place, qu'à celui de la province. Les secours sur place ont été portés aux accidentés avec mille et une difficultés. D'autant que dans la zone du sinistre les formations médicales sont inexistantes. Celles existantes n'ont pas de médicaments, ce qui a eu pour conséquence que certains blessés ont dû attendre des heures après l'accident pour être secourus. Les cas les plus graves ont été acheminés vers les rares centres de santé existants à des kilomètres à vélo, ou encore à dos d'hommes. Les cadavres, pour leur part, sont restés sur place des jours durant faute d'engins nécessaires à l'opération d'extraction. En outre, outre le caractère macabre de l'événement, s'ajoutent les scènes insoutenables de dénuement, de misère et de pauvreté. C'est le deuxième accident en l'espace de 20 jours sur ce tronçon qui, depuis plusieurs années déjà, fait l'objet de plusieurs critiques, notamment pour l'état désastreux de l'outil de travail de la SNCC. Des locomotives, des wagons ou des rails exploités qui datent de plusieurs décennies. Le tout sur fond de conditions de transports inqualifiables. Les passagers sont souvent entassés comme une marchandise les uns sur les autres dans des wagons surchargés, mais surtout dans des conditions de sécurité tout simplement inexistantes. Une situation catastrophique aggravée par un excès de vitesse lorsque le train a voulu aborder une pente provoquant le désamorçage d'un wagon qui a entraîné le reste de la rame dans la chute. Cet accident aura fait près de 120 victimes et plusieurs centaines de blessés.