Les postiers grévistes persistent et signent alors que l'on croyait que leur mouvement prendrait fin hier soir avec les promesses du ministre du secteur. Celui-ci s'était engagé à examiner et à donner une suite à leurs doléances dans les meilleurs délais. Ce matin encore, les bureaux de poste sont restés fermés à la face des usagers dont la colère monte chaque jour davantage d'un cran. Malgré les promesses du premier responsable du secteur de prendre en charge l'intégralité des revendications des travailleurs, les grévistes exigent l'intervention du Premier ministre Abdelmalek Sellal. «Nous ne faisons confiance à personne. Seul le Premier ministre est habilité dans une telle situation, à prendre en charge nos problèmes qui ne sont pas uniquement d'ordre financier», nous ont dit, ce matin, des grévistes accostés au niveau de la Grande- Poste. «Rien que ça. Pourquoi pas par le président de la République», leur rétorque un quinquagénaire, usager des chèques postaux au bord de la colère. Les employés d'Algérie Poste, qui ont tenu ce matin également un rassemblement sur la place de la Grande-Poste, ont scandé des mots d'ordre hostiles à la politique de leur directeur général et ont, par la même occasion, appelé à l'intervention de M. Sellal. «Qu'il vienne nous parler ici. Nous n'avons aucun syndicat qui nous représente et nous refusons que M. Tchoulak ou l'UGTA parlent en notre nom», affirment-ils. Nous apprenons aussi que dans la matinée d'hier, les postiers ont bloqué les portes d'entrée de la Direction générale d'Algérie Poste, afin d'exprimer leur refus «catégorique aux propositions de M. Benhamadi». Le premier responsable du secteur a, en effet, déclaré, lundi, «avoir approuvé les résolutions du conseil d'administration d'Algérie Poste qui s'est réuni au siège de l'entreprise le même jour». Les contestataires ne sont pas convaincus que ces «résolutions» soient concrétisées. Selon leur porte-parole «la tutelle continue d'adopter la politique de la fuite en avant. Nous voulons des mesures claires et précises». Les grévistes réclament une prise en charge efficiente de toutes les revendications soulevées à la direction, particulièrement celle relative à l'application de tous les points de la convention d'entreprise signée en 2003, ainsi que celle liée au départ du directeur général d'Algérie Poste, Mohamed Laïd Mahloul, et le secrétaire général du syndicat, Mohamed Tchoulak. Ces derniers sont accusés d'être à l'origine de tous «les maux» de leur entreprise. Pour rappel, le ministre Moussa Benhamadi avait annoncé, lundi, suite à la tenue du conseil d'administration d'Algérie Poste, de nouvelles mesures prises pour satisfaire les revendications des grévistes. Les mesures concernent le changement de catégorie sur la grille des salaires pour ceux ayant 55 ans et plus, l'avancement horizontal (l'indemnité d'expérience professionnelle «IEP») et vertical (les grades), la prime d'intéressement de 30 000 DA, ainsi que le repositionnement des travailleurs sur les fonctions réellement exercées. Selon un syndicaliste, l'annonce du feu vert de la direction pour le versement de la prime de 30 000 DA est une «manière de tromper l'opinion nationale en lui faisant croire que nous protestons pour avoir cette prime alors que nos problèmes sont multiples». Le responsable syndical avait annoncé hier soir que cette prime de 30 000 DA devait être versée ce matin à la première heure et a lancé un appel à la reprise. Son appel n'a apparemment pas été entendu. Depuis quelques jours déjà, plusieurs représentants de syndicats autonomes sont sur les lieux du rassemblement des postiers pour leur apporter un soutien.