Gâchis Il aurait pu être l?un des fleurons de la recherche scientifique algérienne, il ressemble actuellement à une quelconque usine délabrée située dans l?une de ces zones industrielles de la banlieue d?Alger. Complètement abandonné et envahi par une végétation dense et broussailleuse, l?Institut Pasteur de Dély Ibrahim peut être considéré comme l?exemple-type du gâchis. Sa présence dans ce quartier chic semble être anachronique étant entouré de belles villas à l?architecture faite majestueusement de finesse et de beauté. Le gardien des lieux sur lequel pèse la lourde responsabilité de surveiller cette bâtisse hideuse et mal entretenue indiquera qu?il a été affecté en 1988 à ce no man?s land. C?est dire tout le temps perdu pour des desseins inavoués pour inaugurer cet institut dont l?Algérie a grandement besoin eu égard aux défaillances constatées dans ce domaine. En effet, l?Institut Pasteur du Hamma, malgré tous les efforts déployés par sa direction et son personnel, est saturé. L?un des riverains, sur un ton de dérision, affirmera que quand il avait acheté le terrain mitoyen avec l?institut en 1987, celui-ci était déjà dans l?état dans lequel il se trouve actuellement. À l?époque déjà, l?institut était déjà en mesure d?accueillir les chercheurs algériens pour inscrire de nouvelles pages dans le domaine médical en Algérie. Les autorités donnent l?impression, avec leurs tergiversations, de ne savoir que faire de cet édifice dont rien que la rénovation devrait coûter les yeux de la tête au gouvernement qui se penchera sérieusement sur le cas de cet indescriptible gâchis. Pourtant, les idées ne manquent pas pour exploiter ce projet qui a dû engloutir des sommes colossales injectées sonnantes et trébuchantes à partir de l?argent du contribuable. Il en est ainsi de la suggestion judicieuse de l?éminent spécialiste algérien, le Pr Senhadji, qui avait récemment évoqué dans une conférence-débat la possibilité d?en faire un laboratoire de recherche appliquée sur le sida. Une proposition qui gagnerait à ne pas tomber dans l?oreille d?un sourd. Il est à signaler l?opacité qui entoure ce dossier dans lequel seraient impliquées des personnalités marquantes de la scène nationale. Certaines sources parlent même de détournement et de pratiques peu orthodoxes qui entourent ce projet engagé du temps de l?état de «grâce» de Boumediene. Dans ce tumulte, une chose au moins est sûre : la Cour des comptes avait conclu, dans un rapport élaboré sur l?Institut Pasteur de Dély Ibrahim, que ce dernier a souffert d?une mauvaise gestion.