Rencontre - La vie et l'œuvre de l'écrivain martyr Ahmed Reda Houhou – il a été assassiné en avril 1956 – feront l'objet d'un débat à l'occasion d'un colloque international. Ce colloque se déroulera prochainement à Constantine. Y prendront part des universitaires algériens et étrangers (marocains, égyptiens et jordaniens). Cette rencontre – prévue à la fin de ce mois-ci – aura pour thème : «Pays des martyrs, sang de la créativité». Les participants auront à analyser et à débattre lors de ce colloque du parcours de ce romancier, homme de théâtre, poète et militant de la cause nationale, exécuté par l'armée coloniale pour ses idées nationalistes et ses écrits indépendantistes. Considéré comme le premier écrivain algérien à avoir sorti un roman en langue arabe, en 1947, Ahmed Reda Houhou, né en 1911 à Sidi Okba, une ville proche de Biskra, est connu aussi pour son penchant pour l'art de la dramaturgie. C'était donc un homme de théâtre ; sa carrière dans le domaine de la dramaturgie a été marquée par un riche travail d'adaptation des textes de théâtre. Il est d'ailleurs parmi les premiers, après Mahieddine Bachtarzi, à avoir «adapté des pièces théâtrales françaises en arabe comme La vendeuse de roses et L'Avare. «Il a adapté des pièces de Molière, de Victor Hugo, mais il a aussi écrit ses propres textes», relève Salah Lembarkia, un spécialiste de l'œuvre et de la vie de Ahmed Reda Houhou, et de souligner : «L'adaptation à laquelle Ahmed Reda Houhou se livrait était juste, intelligente et d'une grande profondeur.»Salah Lembarkia, qui reconnaît en Ahmed Reda Houhou un talent avéré, une connaissance juste et pertinente, estime qu'«il était fort et excellent. Il excellait dans le travail de l'adaptation et, en plus, ses adaptations étaient caractéristiques, personnelles.» Salah Lembarkia tient, ensuite, à préciser : «L'adaptation du dramaturge est originale, spécifique, parce qu'à travers l'adaptation, il évoquait l'Algérien, il parlait de sa réalité, de ses souffrances et des injustices qu'il subissait pendant la colonisation. Sa spécificité consiste dans cette force créatrice de passer de l'universel à la réalité algérienne. Il avait le talent d'algérianiser les pièces d'auteurs français. Il gardait l'ossature du texte, mais il inscrivait celui-ci dans un contexte authentiquement algérien.» Force est de rappeler que Ahmed Reda Houhou a mené, tout au long de sa vie et ce, jusqu'à sa mort, un combat pour l'Algérie. Ce combat était mené par la plume. C'est ainsi que ce spécialiste de l'œuvre et de la vie de Ahmed Reda Houhou tient à rappeler : «Le dramaturge était un militant pour la cause algérienne et ce, à travers le théâtre.» - Ahmed Reda Houhou s'intéressait au théâtre jusqu'à en faire une passion, un métier. En 1949, il fonde la troupe théâtrale El-Mazher constantinois, avec laquelle il montera plusieurs pièces qui connaîtront un grand succès. Il y recrée plusieurs œuvres classiques occidentales en arabe classique ou dialectal, comme Anbaça d'après Ruy Blas de Victor Hugo, Si Achour inspiré de Topaze de Marcel Pagnol, etc. Toutefois, il est à regretter que son œuvre soit très peu éditée, que 70 % de la production d'Ahmed Reda Houhou n'a jamais été rassemblé, tout comme il est à déplorer qu'il n'en reste qu'une partie ou encore il y a un manque d'archives et de productions audiovisuelles sur son parcours et son œuvre. Ahmed Reda Houhou a écrit, selon les spécialistes, 15 pièces. C'était un passionné d'art et de culture. Sa sensibilité artistique et intellectuelle s'étendait à d'autres domaines : poésie (il s'adonnait à la composition de poèmes en melhoun), musique (il savait jouer du 'ud, de la mandoline et du ney). Ahmed Reda Houhou était aussi un journaliste. Il a écrit plusieurs articles pour deux journaux algériens de l'époque, El-Bassaïr et Echou'la. Sur le modèle de Tawfiq al-Hakim, il se livrait à une critique de la société algérienne, la politique, la religion et le statut de la femme. Sa vie était donc riche en expériences et en création.