Résumé de la 1re partie A qui peut bien appartenir la tombe gigantesque de Larba, à Chemini, dans la vallée de la Soummam ? C?est par bribes que l?on peut reconstituer auprès des personnes âgées l?histoire de l?étranger de Larba. Si on l?appelle l?étranger c?est parce qu?il est venu de loin... Cela s?est passé il y a près de deux siècles, bien avant l?arrivée des Français, dit-on. Les gens voyageaient peu et tout étranger était vite repéré. Celui qui est arrivé dans la région était plutôt surprenant. Il mesurait plus de deux mètres et avait une force herculéenne. Il pouvait arracher, à mains nues, un arbre et il transportait sur son dos des charges que le plus puissant des ânes ou des mulets ne pouvait porter. Il avait également un solide appétit ; il pouvait, disait-on, avaler un b?uf et un grand plat dans lequel on roulait le couscous, autrement dit le repas des convives d?une fête ! Il s?est tout de suite imposé aux gens par la terreur, exigeant non seulement de la terre, mais aussi de la nourriture. Et malheur s?il n?obtenait pas ce qu?il demandait ! D?un coup de poing, il pouvait tuer un homme ! Que faire, se sont demandé les villageois, terrorisés. Et surtout, comment se débarrasser de lui ? Au début, on a pensé lui proposer des objets de valeur, des bêtes aussi, mais on a vite compris qu?il ne partirait pas. Alors, on a pensé à une solution extrême : le tuer ! Il y avait bien des jeunes hommes forts et intrépides mais tous savaient qu?ils ne pouvaient pas en venir à bout. Et puis, méfiant, il était toujours sur ses gardes. On pouvait le surprendre la nuit, mais il avait le sommeil léger... C?est alors qu?on pensa à une fête au cours de laquelle on lui ferait avaler un poison. Mais on se dit qu?il se méfiait et qu?il ne toucherait pas à la nourriture si personne n?en mangeait. On opta donc pour un narcotique. Une fois assommé, on n?aurait pas de difficulté à le tuer. On cotisa donc, on acheta un b?uf ; les femmes roulèrent une grande quantité de couscous auquel on mêla de la poudre de jusquiame, une plante narcotique, et on appela le tyran.«C?est la fête, lui dit-on, régale-toi !» L?homme, bien qu?attiré par le fumet de la viande, hésita. Et si on voulait l?empoisonner ? Des hommes prirent des cuillers et se mirent à manger. Le géant, comprenant que la nourriture n?était pas empoisonnée, se précipita dessus. On le laissa manger tout en le surveillant. Les personnes qui avaient mangé ronflaient dans un coin, assommées par la jusquiame, mais lui tenait toujours. On désespérait de le voir s?écrouler quand il commença à fermer les yeux. Il avala encore un énorme morceau de viande puis tomba comme une masse. «Vite, criait-on, il faut faire vite avant qu?il ne reprenne connaissance !» On se jeta sur lui, avec des pelles, des bâtons et des couteaux. L?homme, réveillé par la douleur, tenta de se défendre mais le narcotique avait engourdi ses membres et il mourut sans parvenir à riposter. Le village, débarrassé de lui, lui donna une sépulture... c?est la fameuse tombe de l?étranger.