Résumé de la 33e partie n Orphelin, Larbi doit garder les moutons pour faire vivre sa mère et ses deux frères. Ce jour de qassâm larzâq, le 15 de chaâbane, il n'y a presque rien à manger à la maison. Larbi rentre au moment où le muezzin 'appelle à la prière. Le jeune Ali, le cadet de la famille, arrive, en courant : — C'est la rupture du jeûne ! Larbi est excédé. — Arrête de crier. — Mais c'est la rupture du jeûne, répète le jeune garçon, maman jeûne, elle doit aller manger ! Yamina sourit : — Oui, mon petit, je vais rompre mon jeûne… je vais aller à la cuisine. — Nous allons manger avec toi, maman ? Qu'est-ce que tu as préparé de bon ? Larbi sait bien ce qu'il y a à manger. Son petit frère sera certainement déçu quand il le verra. Alors, ne voulant pas le voir déçu, il préfère sortir. — Larbi, où vas-tu ? Elle le suit et le rattrape avant qu'il ne quitte la cour de la maison. — Larbi, où vas-tu ? C'est l'heure du dîner… — Je n'ai pas faim, dit-il. — Tu as travaillé toute la journée… — Puisque je t'ai dit que je n'ai pas faim ! Elle le tire par la manche de la veste, comme pour le retenir, l'adolescent lui fait lâcher doucement prise. — Je dois voir quelqu'un ! — Il y a assez à manger… Il la repousse et s'en va. — puisque je te dis que je n'ai pas faim ! Il ne veut pas que sa mère voie les larmes qui perlent à ses yeux. Il n'a, bien sûr, personne à voir, mais il veut être seul. Il marche longuement, dans la campagne. La nuit est tombée et on ne voit plus rien. Larbi trébuche à plusieurs reprises, mais il ne s'arrête pas. «ah, si seulement j'étais plus grand, j'irai travailler en ville, et peut-être même à l'étranger…» Faire le berger ne rapporte rien. Il trime du matin jusqu'au soir, pour des broutilles… si seulement il pouvait nourrir sa famille… «Un peu de couscous… C'est tout ce qui reste à manger !» Il veut aller le plus loin possible… Brusquement, il fait demi-tour. Il est soudain pris par l'envie d'aller dans le champ de son père, ce champ que beaucoup voudraient lui prendre… Il refait le chemin inverse, trébuche encore, manque même de tomber, mais il y arrive. Il ne peut rien voir mais sent que cette terre qu'il a sous les pieds est sa terre. Dût-il mourir de faim, il ne la vendra pas ! «personne ne nous prendra notre terre !» (à suivre...)