Résumé de la 2e partie - Avicenne tenta de se soigner lui-même, mais son remède lui fut fatal. Il mourut à l'âge précoce de cinquante-sept ans. Cette œuvre disparut lors du sac d'Ispahan (1034), et il n'en subsiste que quelques fragments. Pendant plusieurs siècles, jusqu'au XVIIe siècle, son Qanûn constitue le fondement de l'enseignement aussi bien en Asie qu'en Europe où il détrône Galien. On lui doit l'usage de la casse, de la rhubarbe, du tamarin, du myrobolan... Avicenne, fin lettré, fut le traducteur des œuvres d'Hippocrate et de Galien, et porta un soin particulier à l'étude d'Aristote. Il s'inscrit dans un mouvement général qui vit les philosophes de culture islamique découvrir la culture grecque auprès de l'Empire byzantin, comme en partie l'Europe occidentale où beaucoup de manuscrits grecs et romains étaient surtout connus par les copistes des monastères. Avicenne était proche du chiisme ismaélien, le courant auquel appartenaient son père et son frère, ainsi, son autobiographie rapporte-t-elle leurs efforts pour entraîner son adhésion à la dawat ismaélienne. Toutefois, Avicenne appartenait au chiisme duodécimain. Son appartenance ou non à l'ismaélisme est donc controversée, et reste un débat actuel, portant sur l'influence de cette branche de l'islam. L'ismaélisme comprend d'importantes personnalités, telles que Abu Yaqoub Sejestani (Xe siècle), Abu Hatim El-Razi (mort en 933), Hamid Kermani (vers 1017), ou Nasir el-Khosraw (entre 1072 et 1077) dont le travail a fortement influencé la pensée dans l'Islam. Ainsi, la théorie des Dix Intelligences amorcée chez El-Farabi apparaît chez Hamid Kermani avant qu'Avicenne ne se l'approprie. Son Qanûn rencontra un grand succès, qui éclipsa les travaux antérieurs de Rhazès (850 - 926), d'Haly-Abbas (930 - 994) et d'Abu Al-Qasim (936 - 1013) et même ceux d'Ibn El-Nafis (1210 - 1288) qui lui sont postérieurs. Les croisés du XIIe au XVIIe siècle ramenèrent en Europe Le Qanûn de la médecine, qui influença la pratique et l'enseignement de la médecine occidentale. L'ouvrage fut traduit en latin par Gérard de Crémone entre 1150 et 1187, et imprimé en hébreu à Milan en 1473, puis à Venise en 1527 et à Rome en 1593. Son influence dure jusqu'à sa contestation à la Renaissance : Léonard de Vinci en rejette l'anatomie et Paracelse le brûle. (A suivre...)