Résumé de la 2e partie - D'abord heureux de se retrouver, Hocine et Allaoua en arrivent presque à l'altercation, car le premier reproche au second le fait que sa fille ne lui ait pas donné de petits-enfants depuis quatre ans. — Mon fils Youcef veut des enfants, et c'est son droit ! répond Hocine, qui commence à s'échauffer. C'est le droit de tout homme ! Tu veux qu'il meure sans descendance ? Si c'était ton fils ? Hein, réponds, vieux renard ! Quatre ans, ya âjaba ! — Ton fils Youcef est un homme de bon sens, il n'a jamais fait le moindre reproche à ma fille, elle l'a dit à sa mère ! C'est ta femme, cette settouta qui cherche la petite bête, et tu ferais mieux de l'éduquer. — Quoi ? Tu oses ? Maintenant, les deux hommes se sont levés et se font face sous le vieil olivier. Les passants les regardent, s'arrêtent, écoutent, intéressés. Un petit attroupement se forme autour d'eux. Un homme entre deux âges dépose un sac de jute contenant des épis de maïs qu'il portait sur le dos, et s'approche des deux vieillards en souriant. — Ouh ! ammi Hocine, ammi Alloua ! Voyons, vous allez faire rire les gens autour de vous ! Maudissez le diable... — Justement, écoute, Kéroum, dit Allaoua, écoute un peu et rigole et vous tous écoutez-moi. Le vieux Hocine qui a plus de vingt petits-enfants et trois fils, a peur de mourir sans descendance ! Quelques rires accueillent cette déclaration. Hocine devient pâle. Il pousse son chèche en arrière sur son front haut et dit de sa voix tonitruante : — Tu veux faire monter l'eau fel âgba, vieux fou ? Tu veux imposer à ma maison ta fille stérile ! Eh bien, je vais te dire une bonne chose, devant témoins, non seulement elle est stérile, ta fille, mais en plus, c'est une voleuse ! Que de fois bent El-Hamadi l'a surprise en train de remettre des pots entiers de beurre dérobés dans ma maison à ta femme qui l'attendait dans la zriba derrière la maison. Voilà ! Sans parler des sacs de blé et d'orge qui se vident comme par enchantement... Tu vis sur mon dos, vieux filou. Au bord de l'apoplexie, Allaoua ôte d'un geste brusque sa lourde kachabia, il s'empêtre un moment dans les larges manches et retrousse les kmêm de sa chemise. Imperturbable, sûr de sa force, Hocine le regarde d'un air narquois. Les autres le retiennent. — Naâl el-chitane, ammi Allaoua ! Ouh ! On s'interpose entre les deux hommes, mais Allaoua, rouge de colère hurle : — Eh bien, bel haram ! A partir de ce jour, ma fille ne restera pas une heure de plus dans la maison d'un abruti de ton espèce ! Ma fille n'est pas une chienne et une bonniche pour ta femme. Elle va retourner chez son père dans la dignité qu'elle a perdue le jour où elle a franchi le seuil de ta maison ! Ma fille, une voleuse ? Et il se frappe les cuisses, baissant la tête, le chèche de travers, retenu par les badauds. (A suivre...)