Performance - Foxtrot est l'intitulé du one man show présenté, jeudi au chapiteau du Hilton à Alger, par l'humoriste français d'origine camerounaise, Dieudonné M'bala M'bala et ce, à l'initiative de l'agence «Broshing Events». Pour son retour, Dieudonné a apporté un nouveau spectacle : Foxtort. Une performance présentée avec beaucoup d'humour, de l'humour subtil, décapant et incisif, et surtout avec sincérité et un tempérament attachant. Avec Foxtrot, Dieudonné passe l'actualité en revue. Il réactive certains thèmes vus déjà dans le précédent ‘Mahmoud' (présenté également à Alger), comme les limites de la liberté d'expression, le deux poids deux mesures du monde occidental, la place et la situation actuelle de la France, la crise, le douloureux passé de l'Afrique (le colonialisme) et ces deux thèmes de prédilection : le sionisme et la Shoah, tout cela est abordé avec modération et subtilité. En effet, comme à son habitude, l'humoriste, en dénonçant les injustices dans le monde, n'a pas froid aux yeux : il dit tout haut ce qu'il pense de ses détracteurs. Il règle notamment ses comptes avec l'Occident qui, pour lui, «nous ment». Il règle aussi ses comptes avec ceux qui ne cautionnent pas ses sketchs sur la Shoah et cette chanson polémique qui a fait scandale en France, Shoah-ananas. Cela a pour but de répondre à une élite juive – représentée par certains intellectuels effarouchés – qui s'est autoproclamée porte-parole de la souffrance universelle, ignorant ou minimisant celle des autres comme s'il fallait établir une échelle et des degrés de souffrance. Ainsi, Dieudonné, toujours égal à lui-même et fidèle à sa réputation d'artiste controversé, Dieudonné, connu pour ses positions politiques antisionistes, s'est montré, une fois encore, réfractaire aux exigences du lobby sioniste qui contrôle la scène culturelle française. Dieudonné aborde, en outre, dans ce show, le rêve américain. Pour lui, le rêve américain, celui de devenir riche et prospère, concerne l'homme blanc. Mais pour les autres. Pour les Amérindiens et les Africains, c'était plutôt le cauchemar. Parce que ce rêve américain était plus basé sur «la possession de l'autre». Pour Dieudonné, le rêve américain est basé essentiellement sur la domination, l'exploitation ou la marginalisation de l'autre. Ainsi, il parle sans retenue et avec beaucoup d'ironie de la domination – et de l'influence – qu'exercent les U.S.A sur le reste du monde. Foxtort est un terme anglais qui signifie : «Pas de renard». Il s'agit en fait d'une danse des années vingt, qui, selon l'humoriste, illustre à merveille l'époque du rêve américain. - Si l'humoriste a choisi la danse comme point d'appui ou de départ pour son spectacle, c'est parce que «la danse est un formidable objet d'analyse sociale, qui permet de décrypter avec amusement, la désinvolture morale du monde dans lequel nous vivons.» «La danse revient à s'interroger sur l'homme, l'existence, la place de l'homme et surtout comment arriver à vivre ensemble avec nos différences, à construire un monde nouveau avec énergie et confiance.» D'ailleurs, dans ce spectacle, l'artiste fera un va-et-vient systémique de ses sketchs à la danse pour affirmer, de façon dialectique, ce rapport métaphorique qui existe entre la danse et le comportement tyrannique des serials killers dans le monde, comme ce mouvement circulaire entre le bien et le mal. Ainsi, Dieudonné pose avec assiduité le sujet de son spectacle, sujet par lequel – et à travers lequel – il a exprimé son génie, et comme c'est le cas dans ses différents spectacles, il s'est admirablement illustré. Il s'est illustré avec beaucoup de justesse et avec son humour caustique dans une performance s'organisant autour de la danse, ce qui lui a d'ailleurs permis de développer son savoir-faire. Tout cela traite sciemment des sujets d'actualité. Même si le texte est chargé d'humour, même si, de prime abord, le spectacle paraît une comédie, il se trouve qu'au fond, le jeu comporte des accents dramatiques. Puisqu'il aborde l'actualité avec une certaine acuité et beaucoup de critique.