Martyr - Déjà 18 ans depuis qu'Azzedine Medjoubi, l'enfant terrible du Théâtre algérien, nous a quittés. C'est le 13 février 1995 qu'il a été assassiné par un groupe terroriste. «Le TNA organise pour les prochains mois un hommage particulier au défunt. Il s'agit de monter une des œuvres de Medjoubi par des jeunes artistes. De toutes les façons, nous lui consacrons un hommage continu avec l'ouverture d'ateliers de formation à travers le pays, comme il aimait tant le faire. Mais le plus grand hommage que nous tenons à lui rendre c'est de laisser les lumières du théâtre allumées, et actuellement le théâtre algérien vit ses plus beaux jours», c'est ce qu'a déclaré Benbrahim Fethenour, chargé de la communication au TNA. Une cérémonie de recueillement a été organisée, mercredi dernier où une gerbe de fleurs a été déposée sur l'enseigne érigée à sa mémoire, sur le mur du Théâtre National d'Alger, Mahieddine-Bachtarzi. Peu de personnes ont pris part à cette cérémonie de recueillement organisée pour ce 18e anniversaire de la disparition de l'artiste martyr. Etaient présents son épouse, l'artiste Amina Medjoubi dont la douleur semble toujours vive, et quelques artistes amis du défunt tels que Saïd Hilmi, Abderrahmane Boudia, Mohamed Lamari et Abdelhamid Rabia. Ce dernier a ouvert la cérémonie par un court rappel de la carrière de Azzedine Medjoubi avant de passer à la lecture de la Fatiha. Abdelhamid Rabia, artiste et ami du regretté, sur les lieux le jour de l'assassinat, se souviendra : «Medjoubi a sacrifié sa jeunesse pour la culture, il lui a donné sa vie. Nous avons perdu un des piliers de l'art. En tant qu'ami il était d'une grande gentillesse, il était toujours souriant. C'était un artiste complet, il avait le contact facile avec le public, qui l'aimait beaucoup. En 1995, il a été nommé directeur de TNA, à cette époque il a été très médiatisé, et le terrorisme ciblait en ce temps les têtes de ce pays. J'étais avec lui le jour de son assassinat, et quand je passe par la ruelle où il a été tué, les images me reviennent sans cesse. Que Dieu ait son âme.» A son tour, la veuve du défunt a tenu à remercier les amis venus célébrer l'hommage rendu à son mari. «Cette commémoration est surtout contre l'oubli. Après tout ce qu'il a fait pour l'art, Medjoubi est passé aux oubliettes, il n'y a eu aucune reconnaissance à son sacrifice. Je souhaiterais que pour les prochaines années les commémorations de son décès se déroulent sur la scène du TNA» Pour sa part Saïd Hilmi dira : «Pour moi Medjoubi n'est pas mort, il vit toujours en moi. Je partage avec lui beaucoup de souvenirs, d'ailleurs pour l'anecdote, lui m'appelait Saïd Medjoubi et moi je l'appelais Azzedine Hilmi.» - Le jeune comédien, Hocine Zaïdi, témoigne : «Pour nous, la jeune génération, c'est une grande école. Mais ce qui est regrettable c'est l'ingratitude envers les hommes de valeur, comme Azzedine Medjoubi. Il restera un nom gravé dans l'encyclopédie de notre art. Ce que nous pouvons faire pour lui, en tant que nouvelle génération, c'est de continuer son parcours.» Boudia Abderrahmane, régisseur général au TNA, témoin, lui aussi, de cette triste date, se souvient : «Il est mort dans mes bras, c'est moi qui l'ai aidé à prononcer la Chahada.» Pour lui, Azzedine Medjoubi était un homme de théâtre avec un grand «T». «J'ai un très grand respect pour lui. En tant que responsable il était à l'écoute des travailleurs, il avait de grands projets. Pour le peu de personnes qui sont venues lui rendre hommage aujourd'hui, c'est déjà énorme, c'est une preuve qu'il n'est pas oublié et pour les absents – qui prétendent être ses amis – qu'ils assument leur responsabilité.»