Résumé de la 3e partie - Hocine et Allaoua en arrivent maintenant aux insultes. Le père de Youcef accuse sa belle-fille d'être non seulement stérile, mais aussi voleuse. Il continue, la moustache hérissée de colère : — Mais ta settouta de femme la fait mourir de faim, et c'est quand elle nous rend visite qu'elle se jette sur la nourriture, tellement elle est affamée, vieux grigou. Bent el Hamadi met toute la nourriture sous clé, que Dieu enferme son âme en enfer ! Et toi avec ! Hocine s'approche, menaçant, le bras levé. On le retient, et on repousse chacun dans un coin. Les gens se mêlent au conflit, donnent leur avis, essaient de les apaiser. Mais les deux antagonistes campent sur leurs positions et la réconciliation est impossible. Allaoua, en s'arrangeant, reprend son sac et se dirige vers la sortie du souk, tandis que Hocine reprend sa place à l'ombre, méditant... Puis, brusquement, il se lève et se dirige à son tour vers la sortie en pressant le pas... Quand il arrive chez lui, Bent el Hamadi, occupée à battre une «chekoua» pour faire du petit-lait, s'arrête un moment et le regarde. — A Chaïb ! qu'y a-t-il ? Pourquoi es-tu en colère ? — Va appeler Zheira ! — Zheira ? Bent el Hamadi est surprise. Elle se lève, retrousse ses larges manches transparentes qu'elle accroche à ses épaules, sous sa gandoura, et s'approche de son mari. — Zheira ? répète-t-elle, pourquoi ? — Va l'appeler, et ne pose pas de question ? Hocine s'assied à sa place habituelle sur son matelas, sous la fenêtre. Il reste droit, au lieu de s'allonger à demi, appuyé sur un coussin, comme il en a l'habitude. — Dépêche-toi, au lieu de me regarder comme ça ! Sa voix des mauvais jours la fait trottiner jusqu'à la cabane qui sert de cuisine, où Zheira est occupée à cuire la galette sur un feu de bois, au milieu d'une fumée âcre. — Sidek veut te parler, lui dit sa belle-mère, finis cette galette et viens vite ! Elle apparaît timidement sur le seuil de la pièce, encore entourée de l'odeur de bois brûlé, le visage rougi par la chaleur. Quelques mèches blondes s'échappent de son foulard, et flottent sur ses épaules. Sa beauté illumine la pièce. — Quel dommage ! se dit Hocine. Mais le souvenir de Allaoua et ses accusations lui font davantage froncer les sourcils. — Assieds-toi, bent Allaoua, j'ai à te parler. La jeune femme a brusquement pâli. Jamais il ne l'avait appelée «bent Allaoua», et ne s'était adressé à elle aussi sèchement. (A suivre...)