Le critique de cinéma, Ahmed Bedjaoui, a estimé impératif, lors d'une rencontre à Batna, de «restructurer le marché du cinéma en Algérie», précisant que la relance de ce secteur passe nécessairement par la réorganisation du métier du cinéma, la planification des stratégies, la détermination des objectifs et la formation des jeunes. Cette relance, a-t-il dit, «ne peut se concrétiser que lorsque les pouvoirs publics céderont la production cinématographique aux professionnels et spécialistes» et l'Etat, a encore ajouté Ahmed Bedjaoui, assurera le rôle de régulateur, appuiera financièrement le cinéma et encouragera les métiers annexes aux productions cinématographiques, ouvrant de ce fait, a-t-il affirmé, «la porte à la concurrence et au perfectionnement dans les métiers du 7e art». Assurant «que l'ère du guichet et d'un seul film à l'affiche est révolue», Ahmed Bedjaoui considère que la culture cinématographique et la passion des salles obscures aujourd'hui «passent par les grands espaces de projection, où le cinéphile est face à de multiples choix, et où les amoureux du cinéma sont captivés par l'image et le son». Ce cinéaste a précisé, par ailleurs, que le public demeure la base de la relance cinématographique, indiquant que la gestion des salles de cinéma, transférée aux communes, «a réduit leur nombre à 450 salles de projection avant que la lumière ne soit définitivement éteinte dans les salles obscures». Ahmed Bedjaoui a assuré que «les compétences» et «la créativité» existent dans le cinéma algérien, citant, entre autres, le cinéaste Rachid Bouchareb, qui a su «relever le défi» et dont le film Hors-la-loi a été nominé cinq fois aux Oscars. Le conférencier s'est attardé sur les heures de gloire du cinéma algérien, celles qui ont accompagné la Guerre de libération nationale et qui ont donné une dimension mondiale à la lutte du peuple algérien et puis le cinéma des années 1970, pour évoquer par la suite son expérience, dans son émission culte, «Télé Ciné-Club», ainsi que le débat créé autour des films présentés dans l'émission.Un débat, a affirmé le critique, qui «souvent dépasse les murs du studio de la télévision, gagne la rue et contribue à former un public amoureux du cinéma et connaisseur du métier du 7e art».