Résumé de la 63e partie - Dans le but d'apaiser le climat, Sharon fait savoir au Renard qu'elle partira avec lui dès que Neil sera rendu à son père. La voix de l'homme se fit songeuse, ses yeux brillaient, calculateurs. «Vous êtes sûre que vous voulez venir, Sharon ? — Oui, tout à fait sûre. Vous... vous me plaisez, Renard. — Je vous ai apporté du café et des petits pains, ainsi que du lait pour le gosse. — C'est très gentil.» Elle pliait et dépliait ses doigts. Il la regarda frictionner les poignets de Neil lui ramener les cheveux en arrière. A la façon dont elle lui pressait les mains, on aurait dit un signal, comme un pacte secret. Il tira le cageot et y posa ses achats, tendit le carton de café à Sharon. «Merci.» Elle reposa le carton sans le boire. «Où est le lait de Neil ?» Il le lui tendit, la regarda le placer entre les mains de l'enfant. «Voilà ; tiens-le bien droit, Neil. Bois doucement.» La respiration bruyante du gosse était irritante, inquiétante, elle évoquait trop de souvenirs. Il sortit les petits pains. Il avait fait mettre beaucoup de beurre, comme il l'aimait lui-même. Sharon en rompit un morceau, le donna à l'enfant. «Prends, Neil, c'est du pain.» Sa voix était apaisante. C'était comme s'ils conspiraient tous les deux contre lui. D'un air renfrogné, il les regarda manger chacun leur petit pain et terminer le café et le lait pendant qu'il avalait sans plaisir son propre café. Il n'avait pas enlevé son pardessus. Il faisait trop froid dans la pièce et, en outre, il ne voulait pas risquer de salir son costume neuf. Il posa le sac en papier avec les autres petits pains par terre, débarrassa le cageot et s'y assit, les yeux braqués sur la jeune femme et l'enfant. Quand ils eurent fini de manger, Sharon attira Neil sur ses genoux. L'enfant respirait difficilement. Le bruit agaçait Renard, lui mettait les nerfs à vif. Sharon ne lui prêtait pas la moindre attention. Elle massait le dos du gosse, lui parlait doucement, lui disait d'essayer de dormir. Renard la regarda embrasser Neil sur le front et presser la tête de l'enfant contre son épaule. C'était une femme affectueuse, pensa-t-il, et elle faisait simplement preuve de tendresse envers l'enfant. S'il se débarrassait tout de suite du gosse, elle se montrerait peut-être aussi tendre avec lui. Ses yeux changèrent d'expression, un sourire imperceptible flotta sur ses lèvres, tandis qu'il imaginait la façon dont elle pourrait lui témoigner sa gentillesse. Une vague d'impatience l'envahit. Il s'aperçut que Sharon le regardait et qu'elle refermait ses bras sur l'enfant. C'était autour de lui qu'il voulait sentir ses bras. Il esquissa un mouvement vers le lit de camp. Son pied heurta le magnétophone. Le magnétophone ! La cassette qu'il fallait faire parvenir à Peterson. Il était trop tôt pour se débarrasser du gosse. Déçu et contrarié, il se rassit. «Vous allez faire un enregistrement pour Peterson, maintenant, dit-il à Sharon. (A suivre...)