Scène - Le monodrame El Araïs («les poupées») présenté hier au Théâtre national d'Alger, a été bien accueilli par un public de jeunes. Ecrit par le dramaturge Laâmri Kaâwane et mis en scène par Tounes Aït Ali, le monodrame a été talentueusement joué par la comédienne Nouara Berah. Durant près d'une heure, le public a pu apprécier un jeu habile et juste de la jeune actrice. Sur scène avec une chaise comme partenaire, pour marquer le passage d'un temps à l'autre et d'un personnage à l'autre, le texte use d'un franc parler qui suscitait à chaque fois les applaudissements du public. Dans cette représentation l'humour est de mise pour parler d'un marasme social que partagent bon nombre de jeunes femmes. Dans son texte, Kamel Kaâwan a mis en scène un personnage féminin. Il s'agit de Zaïkha. Il évoque la vie d'une femme ordinaire qui endure courageusement un célibat douloureux. Elle le vit d'ailleurs mal. L'héroïne ne cache pas son mal de vivre en solitaire, mais surtout son envie d'avoir des enfants. Elle peine à trouver l'âme sœur. D'une expérience à une autre, elle apprend à s'habituer aux aventures sans lendemain. Elle n'a pas honte de faire le premier pas pour aller vers l'homme. Elle avoue d'ailleurs son amour quand il le faut. Elle ne cache pas ses sentiments. Et malgré toute cette franchise, elle se garde de «l'erreur» qui guette les milliers de jeunes femmes dans son cas. Zaïkha est une sage-femme. Elle porte donc mal son célibat. Les naissances quotidiennes des nouveau-nés, la rappellent à l'ordre sur son âge avancé pour fonder un foyer. Elle envie ces femmes qui viennent accoucher avec une peur d'être répudiées par leurs maris qui exigent un mâle. Zaïkha tente «d'accrocher» un de ces maris qui quittent leurs femmes, qui n'ont pas eu la chance d'avoir un garçon. Alors, elle rencontre Abes, un chauffeur de taxi, elle essaye d'attirer son attention sur son compte, elle ne cesse de lui répéter qu'elle a effectué des analyses attestant qu'elle ne peut donner naissance qu'à des garçons. Cependant, Abes au caractère dur et radin ne lui prête pas attention, et ne cesse de lui répéter qu'il doit aller chercher une Japonaise au casino et rentrer chez lui. Zaïkha, tourmentée par cette Japonaise, enquête sur son existence, sans réussir. Elle décide d'affronter son amour et lui avouer ses sentiments. Vers la fin, le mystère de la Japonaise se dissipe, et Zaïkha découvre que la fameuse rivale, n'est autre que sa cousine engrossée par son «amoureux Abes».Par son jeu, la comédienne Nouara Berah a su captiver l'attention du public et créer une certaine entente avec lui, il y a eu une interactivité entre la scène et l'assistance. On avait l'impression parfois qu'il était un de ses partenaires, qu'il se prêtait au jeu. Elle s'adresse à lui directement, il lui répond, elle l'implique dans le jeu. D'ailleurs, il ne lui refuse rien. Vers la fin, il éprouve une certaine sympathie pour Zaïkha. Dans la foule nous avons ressenti l'enchantement du public.