Le monodrame, écrit et mis en scène par Mohamed Chouat, place le spectateur dans la réalité d'un agent d'entretien, qui rêve d'amour, dans un monde où les sentiments les plus purs sont pervertis par la quête du gain et de l'argent facile. La semaine du monologue, inscrite dans le cadre des soirées Mille et Une News du quotidien "Algérie News", se tient jusqu'au 6 août à l'espace Plasti (28, rue des Frères-Khalfi, ex-Burdeau, Alger). Avant-hier, et malgré une coupure d'électricité dans le quartier, Kandsi Boumedine a présenté son spectacle, "Hmida fi ghbina", à la lumière des chandelles. Produit en 2010 par la coopérative Arts scéniques de Sidi Bel-Abbès, le monologue, écrit et mis en scène par Mohamed Chouat, place le spectateur dans la réalité d'un agent d'entretien de la commune, qui rêve d'amour et de bonheur, dans un monde où les relations humaines et les sentiments les plus purs sont pervertis par l'argent, et surtout l'argent facile. La course pour le gain est une idée qui séduira Hmida, lui qui rêve d'épouser Saâdiya. Déçu par la réaction des parents de Saâdiya qui refusent de lui accorder la main de leur fille, Hmida décide de changer de vie. Il épouse la chanteuse "Chikha Khellihoum ygoulou", et devient "berrah" dans les fêtes. Il fait des affaires, ouvre un cabaret au centre-ville, fonde la maison d'édition "Layali El-Andalous", décide de se présenter aux élections et magouille... jusqu'au jour où tout bascule. Hmida réalisera au bout de toute son aventure que l'argent ne fait pas le bonheur, et que même si nous appartenons à une civilisation où le matériel prime dans toutes les relations, le plus important pour l'être humain est sa dignité. "Hmida fi ghbina" décortique les comportements sociaux, met la lumière sur les travers de notre société, entre hypocrisie, culture de "chkara", ou encore la "hogra". Le comédien, dont la prestation s'apparentait à une véritable performance, puisqu'il a incarné plusieurs personnages très colorés (comme la voisine qui balance ses ordures par la fenêtre, la mère de Hmida, le couple d'amoureux, père de Saâdiya, etc.), a évoqué certaines thématiques épineuses et d'une brulante actualité, tout en posant un regard à la fois critique et humoristique sur notre société. Loin d'être parfait même s'il est très intéressant, le monologue "Hmida fi ghbina" a connu quelques moments difficiles, notamment dans le rythme. Outre le fait qu'il y a avait trop de personnages, la première partie du texte était trop longue, créant ainsi une certaine monotonie. Si l'espace a été bien occupé (même si le comédien aurait pu faire), le comédien a joué sur un même rythme, et n'a pas nuancé son jeu, ce qui fait que le spectateur décroche parfois. Mais il faut avouer que les conditions de cette prestation n'ont pas été très bonnes, puisque sans électricité, il n'y avait ni effets sonores ni effets visuels, mais Kandsi Boumedine s'en est très bien tiré. Somme toute, "Hmida fi ghbina" est un texte courageux de Mohamed Chouat qui dessine subtilement, et avec humour, les contours de notre société, pleine de contradictions, où l'amour et les bons sentiments n'ont presque plus de place ! Mais l'espoir persiste tant que des personnes comme Hmida continuent de rêver... S K