Réunion - Pour la première fois, et alors que le phénomène prend une grave ampleur, les autorités ouvrent le dossier des kidnappings d'enfants. Aujourd'hui, se tiendra un Conseil interministériel. La tenue du conseil intervient au lendemain de l'appel à un deuil national suite aux assassinats qui ont secoué l'ensemble des Algériens. Il faut donc s'attendre à des décisions radicales pour mettre un frein à ces crimes crapuleux. Le ministre de l'Intérieur avait déclaré que «le phénomène d'enlèvement d'enfants est une question qui nous préoccupe énormément, bien que beaucoup d'affaires de ce type aient été élucidées par les services de sécurité». Une manière pour le représentant du gouvernement de défendre et de souligner les efforts des services de sécurité dans ce domaine. En outre, la sonnette d'alarme est tirée par tous les spécialistes de défense des droits de l'Homme, les parents, sans exception, qui savent aussi que désormais aucun enfant n'est à l'abri de la barbarie des sanguinaires qui les chassent. Dans certains discours, c'est la peine de mort qui est revendiquée pour ce genre de crime. Me Ksentini déclare qu'il est tout à fait difficile de se prononcer sous la pression des circonstances, avouant tout de même : «Je suis toujours pour l'abolition de la peine de mort, mais il faut la réserver aux crimes du sang et aux kidnappeurs d'enfants.» Ce nouveau phénomène, ajoute-t-il, est une question qui préoccupe énormément et qui incite à la prise de mesures urgentes. Rappelant que l'Algérie a signé la Convention internationale contre la peine de mort, il précise que c'est au juge de décider de la condamnation adéquate de ce genre de crime, mais surtout loin de toute pression médiatique ou populaire. «Je comprends la réaction du peuple algérien qui compatit et soutient les parents des victimes, mais c'est au juge de prendre la décision. Selon Zohra Faci, sociologue qui s'est exprimée sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, ce phénomène serait lié à l'oisiveté des jeunes. «Il y a un problème de fond très compliqué. Ce problème commence à s'enraciner. Il se résume au vide chez les jeunes, au chômage et aux conflits sociaux. Le problème d'enlèvement des enfants ne repose sur aucune excuse, c'est une problématique d'un vide chez les jeunes. Ce sont des jeunes livrés à eux-même. Les crimes ont augmenté, la drogue est devenue à la portée de tout le monde. Nous n'avons plus de repères dans la société». La sociologue préconise des sanctions exemplaires pour mettre fin aux rapts et aux assassinats. «Il faut que la condamnation soit à la hauteur des forfaits commis. Ils ont dépassé la ligne rouge. C'est le moment de faire face à ces odieux crimes.»