Le Premier ministre se réunira aujourd'hui avec des responsables des secteurs de la justice et de la santé et des services de sécurité afin de décider des mesures d'urgence à prendre pour prévenir le kidnapping et l'assassinat d'enfants. Un phénomène qui prend de l'ampleur et qui “préoccupe sérieusement les autorités nationales", selon le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. Hier à Béchar, où il accompagnait le Premier ministre dans une visite de travail et d'inspection des projets structurants de la wilaya, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a confessé que les plus hautes autorités du pays prenaient très au sérieux le phénomène de kidnapping d'enfants dont l'issue est jusqu'alors tragique (assassinats des gosses de manière sauvage), dans la majorité des cas survenus. “C'est un phénomène qui nous préoccupe énormément, depuis un certain temps déjà. Il requiert des mesures urgentes", a-t-il déclaré. Il a annoncé, alors que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, tiendra, aujourd'hui dans l'après-midi, une réunion avec les responsables des secteurs de la justice, de la santé, de l'éducation, de la jeunesse, et des services de sécurité, pour convenir des décisions à effet immédiat, à prendre, afin d'éviter la réédition, à l'avenir, de drames similaires. “Lors de la réunion, il est question d'examiner les aspects hors opérationnels, car la police et la gendarmerie ont suffisamment de moyens pour résoudre ces crimes dans des délais extrêmement rapides", a précisé le ministre de l'Intérieur. Il a évoqué le cas édifiant de la petite Chaïma, enlevée au seuil de son domicile familial et retrouvée morte, quelques heures plus tard dans un cimetière. En clair, les autorités nationales s'attellent à intervenir en amont, en agissant particulièrement sur la prévention. Selon certaines sources, il est préconisé d'instruire les directeurs d'école, notamment primaires, de ne plus autoriser la sortie des élèves s'ils ne sont pas récupérés par leurs parents. Encore moins de les évacuer hors de l'enceinte scolaire dans le cas d'absence d'un enseignant. Une campagne de sensibilisation sera lancée, en outre, en direction des familles pour qu'elles se montrent plus vigilantes avec leurs enfants, qui ne devraient plus être laissés seuls dans les quartiers, sans être sous la surveillance d'un adulte. Le membre du gouvernement a affirmé, par ailleurs, que des sociologues et des psychologues ont été chargés, par leur tutelle, de rechercher les raisons qui “poussent nos jeunes à avoir ces pulsions criminelles". Interpellé sur la colère de la population suite au rapt puis assassinat des deux jeunes garçons, Haroun et Brahim, dans une des cités de la ville nouvelle Ali-Mendjeli à Constantine, Daho Ould Kablia a estimé que cette réaction est tout à fait justifiée. “L'opinion publique exige des sanctions et des sentences à la hauteur des crimes commis. C'est bien", a-t-il apprécié. Au lendemain de l'enterrement de Haroun et Brahim, des centaines de citoyens se sont rassemblés devant le tribunal pour réclamer l'application de la peine de mort contre les deux individus, arrêtés la veille et qui ont avoué avoir effectivement enlevé, séquestré puis tué les deux enfants par strangulation. Sur les réseaux sociaux, particulièrement facebook, c'est carrément, depuis quelques jours, une avalanche de commentaires condamnant le crime et appelant à l'exécution des tueurs d'enfants sur la place publique. La population de la vallée du M'zab a également exhorté les autorités judiciaires à mettre en œuvre “hokm kissas", sur la ou les personnes qui ont enlevé, violé puis tué un gosse de huit ans à Béni Izguen au mois de février dernier. Pour le ministre de l'Intérieur, un juge peut prononcer la peine capitale, mais il revient au président de la République de l'appliquer ou de commuer ce verdict en un emprisonnement à perpétuité. Quoi qu'il en soit, “les autorités nationales préconisent le durcissement des sentences contre les auteurs de ce genre d'actes", a assuré le ministre de l'Intérieur. Interrogé sur le harcèlement des couples sur la voie publique par des policiers, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a attesté que ce ne sont là que des initiatives individuelles. “Les autorités n'ont jamais donné des instructions dans ce sens. Nous n'avons pas de police des mœurs", a-t-il déclaré. Sur ce qu'il est communément appelé la crise du Sud ou l'insurrection des jeunes de cette région contre leur statut de chômeurs, Daho Ould Kablia a jugé “cette colère exagérée. Le chômage est un problème national qui évolue négativement (tendance à la baisse). Nous sommes dans une dynamique de création d'emplois", a-t-il rappelé. S. H.