Chiffres - Près de 4 000 appareils de chauffage ne répondant pas aux normes internationales de sécurité ont été refoulés dans les différents ports du pays. Un contrôle qui reste bien en deçà des aspirations des consommateurs, qui voient le marché inondé par des appareils peu conformes aux normes. Les plus incriminés sont ceux fabriqués notamment en Chine sous la marque Delonghi, selon les commerçants interrogés. Ces appareils de marque italienne et dont la plupart de ceux vendus en Algérie sont conçus en Chine, se vendaient jusqu'à un passé récent comme des petits pains en raison de leur prix très accessible, soit 10 000 DA. Aujourd'hui, ces appareils ne font plus recette après les nombreux accidents enregistrés ces dernières années. Il faut toutefois préciser que «ces chauffages de marque Delonghi ne sont pas responsables à eux seuls de ces catastrophes. Souvent, ce sont les usagers qui ne suivent pas le mode d'installation et d'utilisation recommandé par le fabricant. Ce n'est pas parce qu'un appareil est fabriqué en Chine qu'il n'est pas conforme. La marque n'a rien à voir, c'est son utilisation qu'il faut remettre en cause», atteste Mohamed, un vendeur d'électroménagers à El-Hamiz. Un avis partagé par la majorité des commerçants interrogés. Pour eux, le citoyen ne prend pas assez de précautions, à tel point que certains n'hésitent pas à «placer des chauffages à l'intérieur même des chambres à coucher sans aucune aération», témoigne un autre commerçant de la région. Il n'omet toutefois pas de rappeler la responsabilité des importateurs qui ne sont nullement inquiétés. «Les importateurs ne sont pas dérangés. Ils importent des appareils de chauffages de mauvaise qualité et ils les écoulent sur le marché sans aucun contrôle. Ce sont les commerçants et les consommateurs qui se font piéger», ajoute notre interlocuteur. Les chauffages de marque «Sonaric», fabriqués localement, ont, pour leur part, la cote auprès des consommateurs, en dépit de leur prix jugé trop élevé. Ils sont cédés entre 22 800 et 23 000 DA. «Leur prix n'est pas, en effet, à la portée de toutes les bourses. Mais c'est de la bonne qualité, d'autant plus que les pièces de rechange sont toutes d'origine allemande et de surcroît disponibles», affirme Mohamed. Ce produit local passe néanmoins bien avant les chauffages Condor, montés également en Algérie et vendus à un prix ne dépassant pas généralement les 15 000 DA. «80 % des ventes sont générées par ces deux marques. Viennent ensuite les chauffages sans cheminée Starlight, cédés à 10 000 DA», selon ce commerçant qui tient à préciser que les clients, riches ou pauvres, sont enclins à choisir le moins cher. Ce qui laisse supposer que les cas d'asphyxie qui se sont multipliés en cette période hivernale incombent en partie au consommateur. A. B. La sensibilisation existe, mais... l Une vaste campagne de sensibilisation contre les accidents liés à la mauvaise utilisation du gaz de ville a été lancée par la Société de distribution d'électricité et du gaz d'Alger (SDA). Cette campagne, qui a touché plusieurs wilayas du pays, a pour but d'informer les citoyens sur les moyens de se prémunir contre le monoxyde de carbone souvent fatal. Des conseils sur la meilleure manière de profiter du gaz de ville sans risque d'explosion ou de fuite sont prodigués aux populations. Cette sensibilisation, déclenchée désormais à l'approche de chaque saison hivernale, demeure toutefois peu visible, voire inefficace. Le nombre de cas d'asphyxie enregistrés chaque année, confirme cette conclusion. Les usagers du gaz de ville manquent en effet terriblement d'informations sur ce «tueur silencieux». Mais aussi sur les appareils de chauffage les mieux indiqués pour leur maison. Certains vont même jusqu'à s'improviser plombiers et les installent eux-mêmes avec tout ce que cela comporte comme risques. Des actions préventives de proximité s'avèrent ainsi plus que nécessaires. L'initiative prise par la wilaya de Constantine dans ce cadre est d'ailleurs très louable. Les services de la SDA de cette ville ont lancé une opération de proximité en fai sant du porte-à-porte, ciblant des cités nouvellement créées, ainsi que les populations rurales qui ont été raccordées récemment au réseau du gaz naturel. Ce qui devrait permettre au simple citoyen de mieux connaître les risques réels du gaz naturel et la méthode adéquate d'intervention en cas d'incident.