Perte n Le monde de la culture, du cinéma et notamment du petit écran est endeuillé, à son tour, par la disparition d'une icône du petit écran et du 7e art algériens. Après la disparition de Mustapha Toumi, poète, parolier et compositeur, et le jour même de son enterrement, on annonce le décès de la comédienne et actrice Salima Labidi. Cette artiste au parcours professionnel jalonné de grandes expériences a laissé la culture algérienne orpheline de l'un de ses noms qui ont brillé au firmament de l'expressivité artistique et qui, par leur talent ou leur apport, contribué à l'enrichissement de notre culture. Salima Labidi, qui a tiré sa révérence jeudi matin à l'âge de 64 ans à la suite d'une longue maladie, a marqué sa génération tant par son talent indéniable que par son charisme marquant. Tous garderont en mémoire son regard azuré plein de colère dans les différents rôles qu'elle a su merveilleusement endosser à la télévision, notamment dans les sketchs, incarnant souvent une femme de forte personnalité qui crie, part dans tous les sens, mais ne se laisse pas faire. La regrettée artiste, aux qualités humaines et professionnelles certaines, a vu le jour en 1949 dans la région de Miliana. Elle a fait ses premières apparitions dans le 4e art, par ses participations, en 1966, au théâtre radiophonique à la Chaîne II, enchaînant les rôles dans différentes pièces tragicomiques, traitant des problèmes de société. Elle s'est ensuite lancée dans le cinéma où elle a fait parler d'elle en un temps relativement court. En effet, ses performances de comédienne lui vaudront d'être sollicitée pour interpréter des rôles dans des téléfilms. Et parmi ces films qui l'ont propulsée et ont conforté sa carrière : ‘Ahlil, ahlil'. Il y a aussi ‘Yak ennighak' (Je te l'ai pourtant dit), réalisés par Rachid Harhar, ‘michoir' (Le parcours) de Djamel Fezzaz. Mais, son plus grand succès populaire est son interprétation authentique et pétillante du personnage de Monica, dans le feuilleton ‘Akh'kham ned'da Meziane' (La maison de Da Meziane) – de Slimane Boubekeur, réalisé par Mahfoud Okkacha en trois séries totalisant 90 épisodes – et dont les mimiques et les répliques, dont elle avait le secret, avaient séduit de nombreux téléspectateurs. Salima Labidi, qui a été inhumée hier au cimetière d'El-Madania, sur les hauteurs d'Alger, entourée de sa famille, ses amis, ses collègues ainsi que de nombreux fans qui ont tenu à exprimer leur gratitude en l'accompagnant jusqu'à sa dernière demeure, était également très appréciée par ses pairs pour son altruisme, son dynamisme et sa joie de vivre communicative. S'exprimant sur les ondes de la Chaîne III, le réalisateur Amar Kridèche dira : «Je n'arrive pas à réaliser qu'elle est partie, nous sommes tous très attristés par sa disparition. C'était une grande dame toujours dynamique, pleine de vie, le sourire tout le temps aux lèvres. D'un point de vue professionnel, elle était douée pour interpréter une large palette de personnages, elle pouvait aussi bien camper des personnages traditionnels que modernes. C'était toujours agréable de travailler avec elle et franchement j'étais impatient de la retrouver sur le plateau. Elle était bien éduquée, courageuse et très perfectionniste. Elle avait tout le temps peur de se tromper, si elle se trompait elle rougissait de honte. Elle fait partie de la trempe d'une génération de talentueux comédiens, qui, malheureusement, s'amenuise de plus en plus. C'est une grande perte pour le cinéma algérien car elle est irremplaçable. Rabi Yerhamha.» Yacine Idjer