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Egypte - Moubarak à nouveau devant ses juges
Un procès en pleine crise politique
Publié dans Info Soir le 11 - 04 - 2013

Rendez-vous - Le nouveau procès du président égyptien déchu Hosni Moubarak s'ouvre samedi au Caire, mais le sort de l'homme qui a dirigé l'Egypte pendant 30 ans est éclipsé par la tourmente politique et économique que traverse le pays.
C'est d'autant plus évident que, le nom de M. Moubarak est à peine mentionné par la presse, la télévision ou même en privé, sauf à de rares occasions. Mais bien que le sort du président déchu semble peu importer à beaucoup, le fait que personne n'ait rendu de comptes pour la mort de près de 850 personnes en 18 jours de soulèvement début 2011 continue à susciter la colère et la frustration.
Ainsi, M. Moubarak, son ancien ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli et six anciens responsables de la sécurité vont être rejugés pour complicité dans le meurtre et tentative de meurtre. Ses fils, Alaa et Gamal, autrefois symboles de richesse et de pouvoir, vont quant à eux être rejugés pour corruption, tout comme leur père. L'homme d'affaires Hussein Salem est lui jugé par contumace, ayant fui vers l'Espagne. Le procès se tiendra dans l'académie de police située dans la banlieue du Caire qui un jour porta le nom de M. Moubarak. L'ouverture du premier procès en août 2011 fut un moment historique pour l'Egypte comme pour les autres pays arabes. C'était en effet la première fois qu'un dirigeant arabe renversé par son peuple comparaissait en personne devant un tribunal. Mais l'espoir suscité par les premières audiences de ce qui a été qualifié de «procès du siècle» en Egypte est vite retombé, et ONG et défenseurs des droits de l'Homme ont parlé d'un processus entaché d'irrégularités n'ayant pas réussi à identifier les responsables. En janvier, la Cour de cassation avait ordonné un nouveau procès pour M. Moubarak et ses co-accusés. M. Adli avait aussi été condamné à la prison à vie mais ses six adjoints avaient été acquittés, provoquant la fureur de nombreux Egyptiens qui avaient manifesté pour réclamer un nouveau procès et des peines plus sévères.
L'actuel président, l'islamiste Mohamed Morsi, a promis de nouveaux procès pour les anciens responsables de l'ancien régime. Mais le mandat de M. Morsi a jusqu'ici été marqué par une profonde crise politique ainsi que des affrontements meurtriers entre manifestants et policiers, des violences confessionnelles et une grave crise économique. «Il y a une possibilité que le parti au pouvoir utilise le procès pour détourner l'attention des problèmes auxquels il fait face», note encore, H.A Hellyer, de la Brookings Institution.


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