Ils étaient tout puissants il y a huit mois, c'est en parias qu'ils ont comparu, hier, devant un tribunal du Caire. Les fils de Hosni Moubarak, Alaa et Gamal, ainsi que quelques autres symboles du régime égyptien déchu – l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib El Adli, six haut responsables de la police – répondront de plusieurs chefs d'accusation. Il leur est reproché d'avoir détourné des millions de dollars d'argent public et d'avoir ordonné le meurtre de manifestants pendant le soulèvement populaire de janvier dernier. La répression avait fait, faut-il rappeler, 850 morts. L'homme d'affaires Hussein Salem, un proche des Moubarak, sera, quant à lui, jugé par contumace. Si les accusations sont confirmées, ils risquent la peine de mort. Cependant, les fils Moubarak et les autres accusés ont tous plaidé non coupable. Alaa et Gamal Moubarak ont, à l'instar de leur père, nié complètement les accusations. L'image était saisissante, hier, dans cet amphithéâtre de l'Académie de police du Caire improvisé en tribunal, où a été aménagée une cage dans laquelle se trouvaient ceux qui ont sévi pendant 30 ans en Egypte et qui comptaient perpétuer indéfiniment leur règne par succession familiale. Gamal se préparait à prendre le relais de son père par le biais du Parti national démocratique (PND), avant d'être stoppé net par le Mouvement du 6 avril qui a ouvert une nouvelle page dans l'histoire de l'Egypte à l'aide d'une mobilisation qui s'est frayée un chemin sur une page web avant de converger sur la place Tahrir. Alaa est plutôt affairiste. Il avait la main sur tout. C'était une sorte de connexion entre le monde politique et celui des affaires. Entre les Moubarak, il y avait un vrai partage des rôles qui ne faisait que renforcer le clan qui a asservi les Egyptiens et dont le bras armé n'était autre que le ministre de l'intérieur, Habib El Adli, l'homme le plus redouté d'Egypte. La liste des pontes du régime mis dans le box des accusés pourrait s'allonger. Il y a deux semaines, l'ex-Premier ministre, Ahmed Nazif, a été inculpé au terme d'une audition par le parquet militaire et placé en détention pour 15 jours. Il est accusé de s'être approprié un terrain appartenant à l'Etat et d'avoir détourné de l'argent public. L'ancien Premier ministre a été entendu en même temps que l'ancien gouverneur de Louxor, Samir Farag, et un homme d'affaires, Mamdouh Qoleib. Sous la pression populaire, le conseil militaire est en train d'accélérer le procès du régime Moubarak. Les jeunes du Mouvement du 6 avril ont décidé de réoccuper la place Tahrir jusqu'à l'aboutissement des objectifs de la révolution.