Les événements s'accélèrent en Syrie. Le scénario d'une intervention militaire occidentale prend forme. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, qui recevait, vendredi, le roi de Jordanie, Abdallah II, a fait savoir qu'une éventuelle « utilisation d'armes chimiques » par l'armée syrienne « changerait la règle du jeu ». « Nous sommes, désormais, en possession de certains indices selon lesquels des armes chimiques ont été utilisées contre la population en Syrie, ce sont des évaluations préliminaires qui sont fondées sur nos opérations de renseignements », a-t-il assuré, promettant une « enquête très solide ». La sortie d'Obama fait suite à l'appel « urgent » lancé par le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, au gouvernement syrien pour « autoriser une équipe de l'ONU à enquêter sur les accusations d'utilisation d'armes chimiques ». Selon son porte-parole, « la mission est prête à se déployer dans les 24 à 48 heures », précisant que le chef de l'ONU « prend au sérieux l'évaluation » faite par la Maison Blanche. Sous la houlette du professeur Ake Sellström, un scientifique suédois, les enquêteurs de l'ONU ont déjà entrepris de recueillir à l'extérieur de la Syrie des indices sur la question. M. Sellström, qui a été nommé, fin mars, à la tête de l'équipe, sera, lundi à New York, pour des consultations avec des responsables onusiens. La montée au créneau des Américains et les « inquiétudes » des Nations unies ne peuvent mieux tomber pour la coalition de l'opposition syrienne qui a appelé à une intervention urgente des Nations unies, exhortant l'Otan à « imposer au moins, une zone d'exclusion aérienne » pour l'aviation syrienne « si les informations se confirmaient ». Israël a suggéré à son allié américain d'intervenir militairement pour « prendre le contrôle des arsenaux d'armes chimiques ». Damas, qui a récemment refusé l'envoi des enquêteurs de l'ONU, a, une nouvelle fois, rejeté les accusations. Le ministre syrien de l'Information, Omran Al Zoubi, a assuré que « ni le gouvernement syrien ni son armée n'ont jamais recouru à l'usage d'armes chimiques, même si notre pays en possédait ». Pour son allié russe, ces « informations » ne doivent pas constituer « un alibi pour une intervention militaire dans ce pays ». L'émissaire du président russe pour le Moyen-Orient, Mikhail Bogdanov, a déclaré, hier, que « s'il y a des preuves sérieuses sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, il faut les montrer immédiatement et ne pas les dissimuler ».