Aberration - Les témoignages de certaines victimes des erreurs de transcription de leur nom et prénom sur les documents d'état civil provoquent la stupéfaction. Lorsque le citoyen se rend compte de la faute et tente de corriger l'erreur au moment opportun, il est souvent objet de réactions incompréhensibles de la part des agents de l'état civil. «Il y a quelques mois, j'ai découvert que mon fils qui s'appelle Houari est devenu Houria, tout en gardant la notion du sexe : masculin. Je me suis rendu compte de l'erreur deux jours après avoir reçu l'extrait de l'acte de naissance destiné à inscrire mon enfant à l'école. Au lieu de me demander des excuses, un employé au guichet n'a pas trouvé mieux que de me dire qu'entre Houari et Houria, c'est simplement une histoire d'agencement des lettres alphabétiques !», témoigne Abderrahmane, habitant à Oran. «Il a fallu faire appel à des connaissances à la mairie pour remédier rapidement au problème. C'est vraiment ridicule de faire face à de pareils préposés aux guichets», regrette notre interlocuteur. Dans une des communes de la wilaya de Médéa, le service d'état civil est allé jusqu'à transformer une fillette en...palmier ! «Ma fille, âgée actuellement de 12 ans, s'appelle Najlaa. Sur l'un des extraits de naissance, elle a été transcrite Nakhla (palmier) et lorsque je suis allé me plaindre de cette grave erreur, l'agent m'a simplement dit que tous les noms se ressemblent, d'où ces fautes de transcription !», nous dit Hamid. «En langue arabe, il s'agit souvent du nombre de points à mettre sur ou sous les lettres, et dans ce cas la correction se fait vite. Mais, quand on écrit le nom et prénom en caractères latins avec les mêmes erreurs, ça devient incompréhensible et ça change complètement le sens», explique ce père de famille, qui a passé près de deux mois pour «se débarrasser du palmier collé à sa fille», comme il tient à le souligner. Plusieurs autres citoyens ont affirmé avoir souffert pour «rétablir l'identité réelle» en raison des lourdeurs bureaucratiques que connaît ce genre d'activité sensible. Saïd devient Saâd, Halim devient Hakim, Fateh devient Fethi...et la liste est longue. Nos interlocuteurs affirment qu'ils reçoivent quasiment la même réponse : les noms se ressemblent. Mais est-ce un motif pour dénaturer l'identité des citoyens ? Les employés chargés de réaliser ces documents ont-ils à ce point la tête ailleurs pour commettre de tels dégâts ? Ce sont autant de questions qui révoltent les citoyens. «Il y a des agents qui établissent les documents, tout en parlant au téléphone portable. C'est normal qu'ils commettent de graves erreurs, car ils ne sont pas concentrés sur leur travail. La principale cause de ces erreurs préjudiciables consiste en l'absence de rigueur au niveau de ces services d'état civil», rouspètent nos interlocuteurs, appelant les responsables à «instaurer plus de discipline et veiller au contrôle du comportement des agents».