Projets - Rachida Brakni est une actrice française d'origine algérienne. Elle campe le personnage de Djamila dans Cheba Louisa, un film signé Françoise Charpiat et qui sera à l'affiche à Alger le 8 mai prochain. Rachida Brakni participera à un nouveau projet cinématographique du producteur et réalisateur Salem Brahimi dont le premier coup de manivelle sera donné au début de l'année 2014 à Alger. «Avec ce nouveau film, qui est en projet, je réalise mon rêve de participer à une œuvre cinématographique algérienne après mon rôle interprété dans ‘Barakat' (2006) de Djamila Sahraoui», confie-t-elle, et d'avouer : «J'ai hésité au début lorsque le scénario du film m'a été présenté, car je ne voulais pas revenir sur la question du terrorisme. Mais la force du texte et des événements relatés m'ont encouragée à accepter le rôle. J'ai donc immédiatement changé d'avis après avoir lu l'histoire qui met en relief le courage et la résistance de gens désarmés devant la machine de la mort et de la destruction.» Le film raconte le drame d'une famille, dans une région éloignée, ayant défié les groupes terroristes. Il met en exergue la détermination de la femme à protéger sa famille après l'assassinat de son père. «J'aspire, à travers ce rôle, à montrer aux gens qui parlent aujourd'hui du printemps arabe et des révolutions des peuples de la région, que les Algériens avaient vécu cette situation depuis plus de deux décennies et dans des conditions plus difficiles», déclare-t-elle. Le film parle de réconciliation notamment entre les générations de femmes immigrées, d'où la question : comment est perçu l'aboutissement de cette entente ? «La femme a eu un rôle important dans cette société, elle porte l'histoire, c'est elle qui éduque les enfants malgré tout et, du coup, leur transmet la culture», répond-elle, avant de renchérir : «Dans le film, il y a une réconciliation entre les trois générations, mais au-delà des générations, il y a ces portraits de femmes qui ont une prise avec la société et avec le monde tel qu'elles le vivent et les complications que cela implique bien sûr, donc chacune d'elles a ses problèmes à régler, d'abord avec elle-même pour pouvoir mieux se réconcilier avec l'autre. Il faut donc régler ses propres problèmes pour être enfin ouvert à l'autre...» Le film met en scène deux héroïnes venant de deux mondes différents et que la musique a rapprochées. «Je trouve que la musique est un vecteur extraordinaire de rapprochement entre les êtres», dit-elle, et d'ajouter : «Quand on dit qu'elle adoucit les mœurs, c'est bien vrai. La musique sert à faire rencontrer les gens que tout oppose, pourquoi ?... Peut-être qu'il y a quelque chose de tribal primaire qui fait que la musique nous traverse et tout d'un coup elle fait rencontrer des gens qui n'ont rien à voir entre eux.» - Outre le cinéma, Rachida Brakni s'adonne aussi à la musique et au chant. «J'ai une expérience dans la chanson. Il y a un an, en France, j'ai sorti un album à 100 % de chansons françaises. Seule une phrase a été dite en algérien. En ce moment, je travaille sur mon prochain album qui sera fait à 100 % de textes écrits en arabe.»A la question de savoir dans quel style sera son prochain opus, elle répondra : «Ce sera assez rock. Ce sera plein d'influence de ce que j'aime. J'adore le mariage des genres. J'aime mélanger le traditionnel avec la modernité. Joindre el-'ud (le luth) avec la guitare électrique, ça donne de l'électro.» Mais comment peut-on réussir un habile mariage entre le chaâbi et le rock, entre un genre qui met en avant le texte et un autre qui est plutôt un travail de son ? «C'est vrai que quand on dit rock, on pense directement à un genre musical hard, mais le rock peut être aussi les Doors où il y a quelque chose de lancinant et où la parole est mise en avant. Mais c'est vrai que le chaâbi est, en premier lieu, un travail de parole. C'est le texte qui est favorisé. Cela n'empêche pas toutefois que ce texte peut être accompagné, en arrière-plan, par une musique qui intervient entre les phrases qui sont dites», conclut-elle.