Mystère Habitant tous les deux La Casbah d?Alger qu?ils disent ne plus reconnaître, ammi Redouane et ammi Boualem sont des habitués du «café sans nom». Comme son appellation l?indique, ce vieil établissement, situé près de la mosquée Djamaâ Lihoud jouxtant «Ribouta», reste un vrai mystère. En effet, sachant que tout café qui se respecte porte une enseigne qui indique son nom, ce local miteux où se rencontrent les vieux du quartier, ne porte pour sa part aucune indication concernant son appellation. «C?est parce que nul ne la connaît», dira ammi Redouane, un vieux retraité qui passe ses journées dans l?établissement. Etrange, puisque nul commerce de ce genre et de surcroît à La Casbah ne peut exister sans être baptisé, que ce soit en référence à son propriétaire ou bien au quartier où il se trouve. Devant notre étonnement, ammi Redouane nous explique que ce café «a eu tellement de noms qu?on en a finalement retenu aucun». Confortant les dires de son voisin de table, ammi Boualem explique que cet établissement a été acheté et revendu tellement de fois qu?on ne compte plus ses anciens propriétaires. «Certains ne l?ont possédé que quelques jours», dira-t-il. Toutefois, un nom subsiste parmi cette noria de prénoms et autre alias. C?est ammi Boualem, avec ses allures de Boudjemaâ El-Ankis, assis droit sur sa chaise et tenant un verre de thé à la menthe à la main, qui le prononcera : «Birouma». Un nom qui ne laisse pas indifférent son ami qui poussera un long soupir. Sur son visage, se dessinaient les signes de la nostalgie. «Cela fait plus de trente ans», dira-t-il. En effet, trente années sont passées depuis qu?un certain Birouma, ancien propriétaire, l?avait cédé. On ne sait pour quelles raisons, toujours est-il que seul son nom demeure dans la mémoire collective de tous les vieux qui fréquentent l?endroit. Cependant, ils n?ont pu nous informer davantage sur la personne en question. Un autre mystère à percer peut-être ? Pour l?heure, le «café sans nom» continue à accueillir des vieux qui viennent jouer aux dominos et se rappeler la belle époque de La Casbah tout en continuant à mettre à mal les infrastructures déjà hors du temps de cet établissement. Chaises, tables, comptoir, service à thé et à café ont l?air d?appartenir à l?époque de Birouma.