Emotion - La générale de Sonate pour Darwich et la lune, une composition théâtrale inspirée de l'œuvre poétique de Mahmoud Darwich, a été donnée, hier, au Théâtre national algérien. Adaptée et mise en scène par le Palestinien Khaled Mohamed Ibrahim Al Tarifi, la pièce est plus une performance scénique qu'une traditionnelle expression théâtrale, puisqu'à la dramaturgie s'ajoute le langage corporel. C'est ainsi que pour conférer au jeu plus de corps et de caractère, le metteur en scène a intégré dans sa mise en scène l'art de la chorégraphie, élément jugé indispensable dans le jeu scénique, jeu qui, d'ailleurs, a été intelligemment mené et avec énormément de sens et d'imagination subtile. La pièce raconte la Palestine. Cette Palestine espérée, trahie. Tout commence en 1948, l'année de la Nakba (catastrophe), c'est-à-dire l'année où cette terre a été arrachée, spoliée au peuple palestinien, où l'Etat d'Israël a été proclamé. La pièce retrace, dans un jeu pertinent et crédible, donc convaincant, la détermination, voire l'opiniâtreté du peuple palestinien à combattre l'occupation israélienne. Le jeu des comédiens s'est révélé juste et approprié, mené judicieusement, sans exagération dans l'expression émotionnelle où celle-ci tient à cristalliser toute la dramaturgie du texte. Cette dramaturgie est sensiblement ressentie, notamment à travers les chorégraphies, toutes d'une forte charge expressive et qui ont été habilement effectuées. Le jeu chorégraphique a été donc conduit d'une façon telle que ce dernier laissait visiblement transparaître la dualité entre l'être et le néant. Le jeu évolue sans cesse, subtilement, d'une manière suggestive, sans pour autant tomber dans le pathétique ou la compassion. Il accentue toute la dramaturgie du texte, fort et poignant, que l'on voit émerger sans encombre d'un décor nu. Le choix d'une pareille scénographie est voulu d'ailleurs, pour rendre perceptible toute la charge émotionnelle qui en découle. Le texte est aussi soutenu, rendu à l'évidence vraisemblable par le jeu de lumière, l'effet sonore. Il y a aussi le choix des costumes – les comédiens étaient vêtus de noir – afin de donner plus d'intensité, de charisme à leur jeu. Tout cela a créé une atmosphère que peut susciter la pièce. Une atmosphère rythmée par la poésie de Mahmoud Darwich, joliment mise en musique. L'ambiance était donc au rendez-vous. Commémorant le 65e anniversaire de la «Nakba», Sonate pour Darwich et la lune est produite par le TNA, en collaboration avec l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) dans le cadre des échanges culturels entre l'Algérie et la Palestine. La troupe effectuera une tournée à travers toute l'Algérie.