Affirmation - Il ne suffit pas d'importer des vaches et des chèvres pour s'assurer le lait et ses dérivés. La chose est plus complexe : elle nécessite des moyens humains, naturels et techniques. C'est ce qui ressort de la cérémonie d'ouverture du Forum «Synergies fertiles», organisé, hier, à la salle Maâchi Safex, conjointement par le Forum des chefs d'entreprises et la fondation Filaha-Innove, dans le cadre du salon de l'agriculture SISA-AGROFOOD-2013. Plaidant pour un rapprochement entre les acteurs de l'agriculture et ceux de l'industrie, M. Hamiani, président des chefs d'entreprise (FCE), dira, dans son intervention, qu'il s'agit de célébrer une «communion d'esprit et de communication», entamé déjà depuis 2008. Il a tenu à rappeler que «la synergie fertile devient alors ambitieuse», vu que cette initiative commence déjà à porter ses fruits, tout en ajoutant : «Le succès enregistré est la conséquence de la prise de conscience.» En clair, la dynamique engagée par les organisateurs de ce symposium exige une production de 3.6 milliards de litres de lait par an. Afin d'y parvenir, notre pays est appelé à importer 600 000 vaches capables de produire 20 litres chacune par jour. Cette quantité importante de vaches nécessite une industrie fourragère et des moyens hydriques pour accroître la productivité. Pour cela, il faut commencer par renforcer la famille des agriculteurs et développer en même temps un plan de formation au profit de ces derniers. De son côté, Henni Hadj (expert) a plaidé pour une valorisation de nos produits agricoles. Pour le moment, le handicap est que la main-d'œuvre dans les régions rurales n'est pas qualifiée, a-t-il tenu à souligner, en précisant que, dans cette synergie, «nous cherchons un rapprochement entre Industriels et agriculteurs», dans un monde agricole qui ne cesse d'évoluer. Prenant la parole, Sourkel, un autre expert international dans la filière lait, fera savoir que la quantité de lait collectée en 2012 demeure insuffisante par rapport à la demande car «le rendement est assez faible». L'autre handicap auquel se trouve confrontée notre production laitière, réside dans la faiblesse de la culture irriguée. Cet expert a tenu à révéler qu'en 2011, une grande quantité de lait en poudre et de fromage a été importée pour les besoins d'un stock de sécurité. Pour répondre aux recommandations de l'OMS, en matière de nutrition, et assurer notre sécurité alimentaire, nous devons au moins produire 90 litres par an et par habitant, a précisé cet expert. Pour ce faire, il n'y a qu'à tripler le nombre de vaches déjà existantes. Cependant, celles-ci doivent être bien nourries de fourrage de qualité. Tout en affirmant que les résultats des essais de production de nourriture effectués dans le Sud, sont excellents, l'intervenant a appelé à une séparation entre l'éleveur et le producteur de fourrage, en assurant que parmi les éléments de nourriture de la vache, c'est la luzerne qui est un «aliment stratégique». Selon lui, il faut absolument développer une culture déshydratée pour mieux assurer la nourriture de la vache laitière. Une question : comment peut-on parvenir à produire une quantité suffisante de nourriture aux vaches dans l'avenir ? Comme réponse Sourkel suggérera d'accéder aux terres nouvelles. - Pour Benchakour, président du CIL, réduire la facture d'importation de la poudre de lait n'est pas du tout chose aisée, car «la vache constitue une usine qui a besoin de matière première». Dans le cas d'une pluviosité médiocre, et pour assurer à la vache de l'eau, une denrée rare, il faudra utiliser tous les moyens économiques d'irrigation. Pour cela, il faut savoir exploiter les nappes et utiliser les eaux usées recyclées. Celles-ci ont été déjà utilisées dans l'irrigation de la pomme de terre, dans certaines régions. La conviction de cet expert est qu'il n'est pas «difficile d'augmenter la production fourragère». Pour cela onze mille hectares, à Oran, seront irrigués prochainement à partir des eaux usées recyclées. Il reste aussi à mettre en place un plan «d'aménagement du territoire pour que les gens investissent», a-t-il tenu à ajouter.