Parcours - Ali Amran, cet artiste qui a su s'imposer sur la scène par son talent et devenir ainsi une voix incontournable de la musique algérienne, vient de sortir ‘Tizi n leriyah', son dernier album. Comptant déjà trois précédents albums, ‘Amsebrid' en 2001, ‘Xali Sliman' en 2005, ‘Akka id Amur' en 2009, Ali Amran est revenu cette année avec un nouvel opus pour marquer, une fois de plus, sa présence et assouvir la soif de ses fans. S'exprimant sur son dernier travail, Ali Amran, qui a animé une rencontre à l'espace Plasti, a dit : «C'est une suite à mes précédents albums. Il m'a demandé quatre années de recherches. C'est un album sur lequel j'ai longuement réfléchi.» Sur le plan thématique, les chansons portent un regard sur l'histoire de la génération de l'artiste, une génération avec ses espoirs et ses déceptions. «J'appartiens à cette génération qui voulait s'exprimer et revendiquer son identité, notamment avec les événements du Printemps berbère au début des années 80», a-t-il expliqué, et d'ajouter : «Puis il y a eu un espoir de changement politique. On allait vers l'ouverture du champ médiatique en 1989. Cela signifiait plus de liberté d'expression et de démocratie. Mais à un certain moment, tout s'est refermé, et le changement qu'on voyait venir s'est évanoui.» C'est ainsi qu'avec cet album, Ali Amran fait le deuil de ses espérances perdues. «C'est un désenchantement de tout ce que nous avons perdu. Il y a, également, d'autres sujets de société tels les droits de la femme, que j'évoque dans cet album», a-t-il souligné.Dans le précédent album, ‘Akka id Amur' sorti en 2009, Ali Amran chante les affres de l'exil et de l'émigration, il y exprime un regret de ce qui n'a pas été réalisé sur le plan politique, d'où la question : peut-on considérer l'artiste comme engagé ? «Tout dépend de ce que renferme cette désignation», a-t-il expliqué, et de poursuivre : «Généralement, c'est pour les artistes qui s'expriment dans un cadre politique. Etre engagé, ce n'est pas seulement parler de politique mais aussi évoquer les problèmes de société. Je peux dire en ce qui me concerne qu'il y a un engagement artistique.» Ali Amran est à la fois, auteur,compositeur et interprète. Ses sources d'inspiration sont surtout ces choses qui le touchent et auxquelles il est sensible. «C'est un peu de tout, de la vie, du quotidien... Mais pour dire que j'ai une mascotte qui déclencherait chez moi l'éclat de la création...non je n'ai pas cela», a-t-il confié. A la question de savoir comment se définit sa musique, Ali Amran répondra : «Le plus important pour moi est de présenter la chanson kabyle. Quand j'ai commencé à faire de la musique, le but, pour moi, était de sortir du folklorique et renouveler notre musique.» La musique d'Ali Amran est portée sur le style rock. Elle a des influences anglo-saxonnes, mais en restant habitée par l'âme de la chanson kabyle. - Prochainement le public va découvrir Ali Amran dans un film réalisé par Belkacem Hadjadj. C'est un film sur la révolution de Fadhma N'soumer. Il joue le rôle d'un poète. «C'est un personnage esprit, qui n'est pas vu par les protagonistes dans le film, mais il est visible pour les téléspectateurs», a-t-il dit, et d'expliquer : «Ce poète incarne les valeurs de la résistance et de la vie. Il passe d'une place à l'autre en récitant des poèmes, des chants et dit la parole juste.» De nos jours, il y a tendance chez les chanteurs à aller de plus en plus vers la reprise des anciens titres. A ce propos, Alim Amran dira : «C'est vrai. Il y a actuellement de nombreuses reprises. Dans mes précédents albums, j'ai repris quelques titres, que j'ai retravaillés dans une optique différente. Cela a nécessité un travail pour devenir pratiquement autre chose et éviter les répétitions. Mais dans un autre sens, reprendre les vieux titres ne freine pas la création. C'est vrai qu'il est inutile de reprendre une chanson juste comme ça parce qu'elle est connue, cela n'ajoute rien. L'artiste doit remodeler l'œuvre et lui donner d'autres formes. » Alim Amran, qui a collaboré avec Idir, une expérience dont il garde un bon souvenir, puisque, selon lui, cela a été «un duo réussi», travaille, en ce moment, sur la promotion de son album. «J'attends de voir l'aboutissement de mon expérience au cinéma. Je réfléchis sur un éventuel concert en Algérie après l'été. Le nouveau viendra en temps voulu», a-t-il fait savoir.