Forum Si par quelques aspects, cette première édition a atteint certains objectifs, il reste qu?elle a péché par des insuffisances. Les 26 et 27 mai s?est tenue à l?hôtel Hilton la première édition du Festival du roman algérien, une manifestation initiée par la bibliothèque urbaine de Mohammadia, et organisée par l?Assemblée populaire communale de Mohammadia. Premier du genre, ce festival est un événement littéraire. Selon Chaâbane Chafaâ, président de l?APC de Mohammadia, «l?événement s?inscrit dans une stratégie de mise en marche des mécanismes de la création littéraire, longtemps sclérosée par les contingences conjoncturelles». Le Dr Fatima Saâdi, vice-présidente de l?APC de Mohammadia, écrivain et présidente du festival, insiste sur le fait que «ce festival est appelé à rehausser le débat sur la promotion et la valorisation de la littérature en Algérie. C?est aussi un signe significatif à l?endroit des universitaires, des intellectuels et du monde littéraire pour promouvoir et soutenir haut et fort le rayonnement de notre culture si riche et si diversifiée». Le festival s?est étalé sur deux journées et a abordé des thèmes aussi divers que «La création romanesque en Algérie», «Ecritures spécifiques» et «Institution du livre en Algérie», afin de cerner et de définir la situation du roman algérien, qu?il soit de langues arabe ou française. Un hommage à Abdelkader Benhadouga et à Rachid Mimouni a été rendu lors de ce festival. Au terme des travaux, le Prix du meilleur roman algérien de l?année 2004 a été décerné à Mustapha Benfodil, journaliste à Liberté et écrivain, pour son livre Les bavardages du Seul, aux éditions Barzakh. Au cours de ces deux journées, la problématique de la création romanesque (thèmes et esthétique) a été soulevée, ainsi qu?un débat sur le livre, tant sur le plan de l?édition que sur celui de la diffusion, sa socialisation. La question des prix littéraires a été au centre des débats, ainsi que la promotion du roman par les médias. Cependant, les interventions des conférenciers ont été quelque peu dispersées, à défaut d?une stratégie d?énonciation directe réfléchie et rigoureuse. A la tribune, chacun parlait du thème sans repères. Il y avait plutôt de l?improvisation qu?un travail de formulation de discours et réflexions précis, fixé par des modalités d?énonciation ajustées, c?est-à-dire un travail méthodologique ; les intervenants se fiaient à l?inspiration du moment. Toutefois, l?aspect marquant que l?on peut relever de ces rencontres littéraires, c?est que les écrivains, voire les intellectuels, comme Djillali Khellas, Mohamed Sari, Lakhdar Mohamed Maougal, Aïcha Kassoul?, ont polarisé leur discours, en partie, sur l?abolition des frontières entre écrivains de langues française et arabe. Il n?y a pas de différence entre un écrivain francophone et un arabophone, car tous les deux nourrissent la même préoccupation et sont animés du même intérêt : représenter par l?imaginaire la réalité algérienne. C?est parler, raconter et décrire la société algérienne, ainsi que ses différents acteurs. La différence existe seulement au niveau du choix linguistique. Il n?y a qu?une seule littérature algérienne, seulement elle s?exprime en deux langues. L?on parle aussitôt d?une littérature bilingue, et c?est ce qui fait sa richesse et sa diversité, disons sa singularité et son originalité. L?on peut d?emblée constater que ce festival vient unir les écrivains des deux bords, en dépassant le «conflit linguistique» qui existait, dans le temps, entre francophones et arabophones. Ce que l?on déplore dans ce festival, c?est l?absence du roman algérien d?expression amazighe. Une autre composante et variante de notre littérature si prestigieuse et si millénaire, puisque les premières expressions littéraires algériennes datent de l?Antiquité. Louable initiative que ce festival, qui se veut d?abord un forum de rencontres et d?échanges, une opportunité pour un brassage et un dialogue d?idées et une confrontation de visions et de méthodologies et qui cherche à poser la problématique de la littérature algérienne, donc du livre en Algérie.