Hier, à l'auditorium de la Radio nationale, le public était invité à un récital musical exceptionnel. Souad Asla, qui a animé ce concert entrant dans le cadre de la 14e édition du Festival culturel européen, a brillé dans une remarquable performance musicale. C'était une musique entraînante, métissée, puisée dans le terroir. Certes du patrimoine, mais avec une touche singulièrement moderne. Sa musique a emmené l'assistance aux portes du désert. Elle l'a transportée, le temps d'une soirée, dans une atmosphère envoûtante, magique. Elle l'a immergée dans les tréfonds d'une culture ancestrale, dans l'authenticité de la musique africaine, puisqu'il s'agissait du gnawi. Héritière de la tradition gnawa, elle a porté avec autant de générosité que de sensibilité – et aussi avec un tempérament communicatif – l'ancestralité, donc la tradition dans des sonorités actuelles et modernes. De la modernité qui en dit long. Pour dire que l'ancien et le nouveau peuvent s'associer dans une interaction habile, équilibrée. Ses chansons sont inspirées de l'actualité. ‘Sbah', ‘Jawal', ‘Djabouna', ‘Zawali' ou encore ‘Bakhira' évoquent l'amour, le quotidien, l'émigration clandestine, tandis que ‘Salamou, salamou' dénonce le colonialisme et les affres de la guerre. ‘Marchandise' est une allusion directe aux méfaits de la mondialisation appliquée au secteur de la culture. ‘Moulay Brahim', ‘Yal'wali' et ‘Laylah aylel'lah' sont empreintes de mysticisme. Elles sont un hymne à la fraternité, à la tolérance et à l'humanisme. Débordant de talent et d'humanité, Souad Asla, qui a mis en valeur le patrimoine du Sud algérien, un patrimoine enraciné dans l'africanité, a donné le meilleur d'elle-même. La soirée d'hier était plus qu'un concert. C'était un moment de partage grâce à une musique qui, délicate et forte à la fois, prône la sagesse, même si les sonorités se révélaient bien rythmées, engageantes, parfois vives, troublantes et endiablées. Sa musique était donc prompte, fougueuse, c'était simplement une musique pleine de tempérament et d'ardeur. Cela a donné lieu à un jeu fusionnel, superbe, imposant. Même si sa représentation était organisée, Souad Asla se plaisait à donner libre cours à son instinct d'artiste, c'est-à-dire à une improvisation intuitive. Elle s'est adonnée à son jeu avec autant d'allégresse que d'enjouement.