Explosions - Le quotidien irakien a été marqué ces dernières semaines par une recrudescence de la violence. Dans la journée d'hier, lundi, il y a eu 19 attaques dans le pays, dont plus d'une dizaine à la bombe, visant essentiellement des quartiers chiites à Bagdad et dans les environs de la capitale, qui ont fait au moins 58 morts et 187 blessés. Dans la même journée, deux voitures piégées ont en particulier explosé près d'un terrain utilisé par des vendeurs de voitures d'occasion dans le quartier de Habibiyah, détruisant des dizaines de voitures non loin du stade où l'équipe nationale de football recevait le Liberia en match amical. «Il y a des gardes ici, et une voiture explose ici», a crié Fadhel Hanoun, l'un des vendeurs de voitures, en ajoutant : «L'Etat est en échec.» «Les postes de contrôle, ne contrôlent pas les voitures qui entrent ici», a dénoncé un autre homme. Les attentats qui ont eu lieu à Bagdad et dans le nord de l'Irak, dans un contexte de recrudescence de la violence, font craindre une résurgence du conflit entre sunnites et chiites. Plus au nord, dans la province contestée de Kirkouk, un membre d'une milice anti-Al Qaïda et un gérant de générateurs privés ont été tués lors de deux attaques à main armée isolées, tandis qu'une bombe sur la route a tué un officier de police à Mossoul. Ces violences interviennent en pleine tension confessionnelle, la minorité sunnite se mobilisant depuis des mois pour dénoncer avec force sa marginalisation par le gouvernement dirigé par les chiites. Le gouvernement a certes lâché du lest depuis le début de leur mouvement en libérant des prisonniers et en augmentant le salaire des milices sunnites anti-Al-Qaïda, mais sur le fond, il ne s'est pas attaqué aux racines sociales de la frustration sunnite. Bagdad avait déjà été touchée ces dernières semaines par une série d'attentats à la bombe meurtriers, souvent contre des zones chiites. Les attaques n'ont pas été revendiquées dans l'immédiat, mais les séries d'explosions coordonnées sont souvent le fait des insurgés sunnites liés à Al-Qaïda, qui prennent régulièrement pour cible des chiites, cherchant à déstabiliser le pays en ravivant les haines confessionnelles. Ces attaques alimentent aussi la crainte de voir le conflit en Syrie voisine déborder. Les forces irakiennes ont engagé samedi dernier une vaste opération, qui s'est poursuivie hier, lundi, contre des activistes sunnites dans le désert de l'ouest du pays, avec un déploiement de troupes le long de la frontière syrienne.