L'Iraksombre dans la violence confessionnelle chiites-sunnites qui a atteint, ces derniers jours, des proportions alarmantes. Le tout sur fond d'une grave crise politique et d'une déstabilisation régionale marquée par le conflit en Syrie. Vendredi, un double attentat à la bombe à Baqouba, à 60 kilomètres au nord-est de Bagdad, contre des fidèles sunnites après la prière hebdomadaire, a tué 41 personnes. La veille, un kamikaze a déclenché sa ceinture explosive à l'entrée de Husseiniyah (lieu de culte chiite)d'Al Zahraa, à Kirkouk, dans le nord, faisant 12 morts. Selon cheïkh Sami Al Massoudi, directeur-adjoint de l'Office des biens religieux chiites, plus de 45 mosquées et lieux de cultes gérés par son département ont été touchés cette année par des actes violents. Selon un autre responsable des biens religieux sunnites, plus de dix mosquées ont été attaquées le mois passé. « Nous sommes menacés, à tel point que nous ne sommes pas allés au travail lundi dernier », ajoute ce responsable. Les auteurs de ces attaques ne sont pas clairement identifiés. Certes, les attentats contre les lieux de culte chiites sont probablement le fait d'extrémistes sunnites. Mais les auteurs des attaques contre les mosquées sunnites peuvent aussi bien être des extrémistes chiites ou sunnites reprochant aux fidèles de ne pas adhérer à leur vision rigoriste de l'islam. Al-Maliki en réconciliateur Devant l'ampleur du drame, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki sonne le tocsin et se pose en réconciliateur des deux communautés qui se déchirent. Il a appelé dimanche à des prières de vendredi conjointes sunnites-chiites dans l'une des plus grandes mosquées de Baghdad. « Ceux qui visent les mosquées sont les ennemis des sunnites comme des chiites, et cherchent à enflammer le conflit religieux » a-t-il clamé, qualifiant les auteurs de ces violences d'« ennemis » des deux confessions. Dominé par les chiites, son gouvernement multiplie, depuis quelques jours, les concessions, en libérant des prisonniers et en augmentant le salaire des combattants sunnites engagés contre al Qaïda. Pour mettre fin à cette escalade de violence, Al-Maliki a annoncé, hier, une redéfinition imminente de sa stratégie sécuritaire dont un conseil de ministres ad hoc est prévu aujourd'hui. Il a promis, en outre, des changements au sein du personnel « de haut niveau » chargé de l'appliquer. Loin de la « guerre des mosquées » et des promesses gouvernementales, la violence est toujours de rigueur. Une nouvelle série d'attentats a tué, hier, 26, personnes quelques heures après la mort de 24 policiers dans des heurts avec des hommes armés dans la région sunnite d'al-Anbar, à l'ouest du pays, au cœur de la contestation anti-gouvernementale. En outre, au moins 12 autres personnes ont été tuées et 20 autres blessées, hier, suite à un attentat à la voiture piégée dans un quartier à majorité chiite de Bagdad. Huit personnes ont trouvé la mort dans un attentat au nord de Bagdad et dirigé contre des pèlerins chiites venus d'Iran. Cette attaque a porté à 71 le nombre de personnes tuées dans des violences depuis dimanche soir.