La Russie a dénoncé hier, la levée par l'UE de l'embargo sur les armes pour les rebelles syriens, estimant que celle-ci jetait de l'huile sur le feu au moment où l'on tentait d'organiser une conférence de paix sur le conflit. D'autant que l'UE se dit engagée dans la lutte contre le terrorisme. Le front al Nosra qui a ouvertement annoncé son ralliement à Al Qaïda aux côtés d'autres groupes djihadistes qui n'en sont pas moins extrémistes, seront désormais armés par cette même UE qui affirme les combattre ailleurs dans le monde. La levée de l'embargo par l'Union européenne «porte un préjudice direct à la possibilité d'organiser une conférence internationale» sur le règlement du conflit en Syrie, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. «L'embargo est levé en dépit de toutes les déclarations de l'UE en faveur d'un règlement fondé sur la déclaration de Genève de juin 2012, et en dépit de l'accord sur la nécessité d'organiser une conférence internationale sur la Syrie», a-t-il souligné. «C'est une manifestation de deux poids-deux mesures», a déclaré ce responsable de la diplomatie russe. Le Kremlin a également critiqué une décision qui «ne contribue pas» aux préparatifs de la conférence, par la voix du porte-parole Dmitri Peskov, cité par l'agence Interfax. Le choix de cette annonce est vraisemblablement une volonté de torpiller la conférence, d'autant que l'opposition syrienne est toujours dans l'incapacité de désigner son représentant à cette prochaine conférence. Damas a, par contre, donné son accord de principe pour prendre part à cette conférence de juin. Riabcov a confirmé cette volonté. Le «principal obstacle» demeure toutefois l'incapacité de l'opposition syrienne à désigner un représentant, selon le diplomate russe. «Les divergences entre les groupes qui combattent le gouvernement, et l'incapacité de nos partenaires, y compris les Etats-Unis et l'UE, à assurer un niveau de représentation des forces d'opposition ayant suffisamment d'autorité, constituent l'obstacle principal aujourd'hui» à la tenue de la conférence, a déclaré M. Riabkov. Les livraisons prévues de systèmes sol-air perfectionnés S-300 russes à Damas allaient être un facteur de «stabilisation» voué à dissuader tout scénario d'intervention extérieure dans le conflit. «Des mesures de cette sorte dissuadent en grande partie certains esprits échauffés d'envisager des scénarios dans lesquels le conflit prendrait un tour international avec la participation de forces étrangères», a-t-il ajouté. Cette déclaration russe n'a pas manqué de soulever la colère d'Israël qui a, à trois reprises, agressé des cibles proches de Damas sous le fallacieux prétexte d'empêcher l'acheminement, des armes au mouvement de résistance libanais Hezbollah. L'installation des systèmes S-300 compliquerait toute nouvelle frappe israélienne en Syrie, et tout projet des Etats-Unis ou de leurs alliés d'établir une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie. Les ministres européens des Affaires étrangères ont, rappelons-le, décidé lundi soir à Bruxelles de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles syriens. Les 27 ont cependant convenu de ne pas livrer d'armes aux rebelles pour l'instant, pour ne pas nuire aux efforts de règlement politique. L'initiative d'une nouvelle conférence internationale baptisée Genève-2 et rassemblant notamment représentants du gouvernement syrien et de l'opposition a été lancée début mai par les responsables des diplomaties russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry.